Les joues gonflées et les yeux rouges, Pacha traine des pieds en agrippant son bras gauche, crispant sa poitrine pour retenir les sursauts tristes qui l'assaillent. Pacha, pleure dans l'incompréhension et la douleur. Pacha baisse les yeux. Il n'arrive pas à voir le soleil lumineux qui l'appelle, ni à sentir le vent qui écarte la chaleur écrasante pour lui offrir un belle voie dans l'été.
Mais Pacha gémit de sa petite voix d'humain, renifle et lèche la bave qui coule sur ses lèvres. Pacha a terriblement mal, autant au cœur qu'à la peau. Son ombre soupire des pensées noires. Les échos du monde sont devenus froids, les feuilles ne dansent plus. Il a le cœur serré, qui tremble encore un peu de peur, mais surtout de honte...
Au début, il avait rit aux pichenettes. Les chats se font souvent embêter par les enfants et Pacha aime ça, jouer. Mais les gamins ont sorti leurs griffes tout à coup, Pacha n'avait pas compris que leurs sourires étaient mauvais et méchants. Pas de lumière de jeu dans leurs yeux. Leurs visages sont devenus si gros et si nombreux que le chatou s'est noyé sous leurs coups.
« Arrêtez ! » A-t-il crié.
Mais dans le vide de la cour, le temps a poursuivi sa course, sans pitié. Les bourreaux ne disaient rien, ne hurlaient pas, n'insultaient pas, s'amusaient à peine. Pacha s'est retrouvé assaillit de terribles souvenirs... C'était des chiens qui frappaient sans avoir le courage de tuer, simplement d'humilier. Il tapaient fors par dépit sur leur camarade.
Pacha voulait fuir mais gesticulait sans pouvoir sortir ses griffes ni montrer les crocs. Ses ongles d'humains étaient cassés, ses dents trop douces. Alors il se recroquevillait en pleurant, pathétique peluche déchirée, trop gentille pour s'imaginer répondre aux coups. Il dû attendre que la tempête passe, que les vagues se laisse s'échouer sur le gravier dur du sol bétonné.
Le déferlement n'est pas terminé dans sa tête, alors qu'il laisse les pas le guider malgré les tintements de douleurs qui s'agrippent à ses os. Sur son épaule, pend son sac-à-dos ouvert, triste et vidé.
Il garde le nez baissé vers le sol, pour qu'on ne voit pas son air de chat battu. Pour que les traces noires et rouges restent secrètes, pour que ses larmes ne viennent pas refléter la pitié d'un inconnu. Pacha est fatigué et a mal. Il n'a plus envie de marcher alors il s'assoit contre un mur, cache son museau dans ses bras, et essaye d'oublier.
La maladresse d'une âme, rescapée dans une enveloppe hors de contrôle. C'était toujours comme ça. Chaque matin. Une lutte pour s'approprier un danger publique. Des mains bonnes qu'à savoir frapper, faite pour avoir les phalanges douloureuses, rougies et couvertes de balafres indélébiles. Au fur et à mesure des années, la cuisine était devenue sa pire ennemie et les couteaux, le catalyseur de ses gestes malhabiles. Sa peau n'en était que le résultat dévastateur d'une lutte constante. Et quand ce n'était pas des courbatures, c'était ces tics incontrôlables, constant, qui parfois faisait se mouvoir ses épaules, ses mains, cligner ses yeux inconsciemment. Alors quand il avait renversé, ce jour-là, ce paquet de caféine au sol. Sa colère avait été si grande qu'il n'en avait laissé derrière lui que des miettes de verres, brisés, des carcasses translucides chatoyant de lueurs, reflets d'opales, aux rayons solaires projetés par delà la fenêtre ouverte.
Ça n'était qu'un calvaire de plus, parmi les immondices d'un monde en déclin, d'âmes naviguant en des terres aussi désolées, que prompte et abrupte. Et la sienne, semblait être pareille à une infection, rejetant toute enveloppe physique, charnelle, tangible, d'être le réceptacle de sa volonté litigieuse. C'était donc la mine renfrognée, hagarde, sous cette capuche parsemant son visage d'ombres funestes, les mains aux gestes fous, incontrôlables, doigts recroquevillés les uns contre les autres au fond de l'énorme poche de son sweat-shirt, qu'il était sorti. En quête de ce qu'il n'avait pu acquérir tout seul. Mais jamais, un être tel que lui viendrait à quémander de l'aide, sous ces couches de fiertés et d'ego mal placé, il n'y avait pas un seul jour où Skar s'était plaint de sa solitude. De son exil forcé, loin du temple forestier envahissant ses songes. Il ne se plaignait que très rarement et lors que c'était le cas, c'était uniquement pour crier quelques injures à propos de ses mains désaxées, uniquement capable de rester fixe en sentant la morsure âpre de quelques bandages ou de mitaines de combat.
Ses baskets heurtaient le bitume de la ville de son inéluctable pas pressé, adressant à peine quelques regards aux passant qui venait à croiser son chemin, si ce n'était que l'éclat meurtrier de ses deux orbes ambrés. Ses yeux se rivaient sur le sol, à la conquête d'un quelconque échappatoire à cette marée humaine de pas résonnant dans les allées de foxglove valley. Il n'aimait pas la foule. Préférait de loin le silence solitaire de son petit appartement. Du grondement du réfrigérateur, des quelques gouttes d'eaux perlant dans son lavabo et du grésillement hasardeux d'une télévision qu'il était incapable de régler aux bonnes chaînes. Sa seule petite source de plaisir restait ce vieux poste de radio crépitant à chaque fois qu'il en tournait les boutons afin de trouver une bonne tonalité. Les musiques qui s'en échappait, rythme langoureux et furieux sur lequel il venait à se déchaîner sur son sac de frappe.
Autre que le rire haut perché de marmots et adolescents fougueux se dirigeant vers l'académie à quelques pâtés de maisons. Et dire qu'il n'en avait jamais foulé les lieux de ces pieds depuis son arrivée ici. Il avait été comme un enfant, une âme ayant besoin d'être modelé à force de coups et de violence éparpillée sur sa chair meurtrie et sa psyché assombrie.
Puis ses prunelles croisèrent une masse difforme, boule compacte, roulée sur elle-même, reclus sous les sanglots silencieux qui faisait s'animer ses frêles épaules. La sienne eut un mouvement soudain et brusque, s'élançant d'elle-même, de sa propre volonté, qu'il fit se calmer de sa dextre.Des réflexes morbides qui firent grincer ses dents et il s'approcha lentement. À la façon d'un humain tentant de captiver l'attention d'un animal sauvage et farouche. Il avait comme une impression de déjà-vu, qu'il balaya d'un geste las dans ses pensées, puis il se pencha, s'accroupissant à sa hauteur.
Peut-être était-ce de la pitié, ou bien tout simplement de la compassion pour ce petit bonhomme dont il ne savais rien. Si ce n'était que la tristesse affligeante, qu'il constatait, comme un miroir de son âme martelée.
« — Hé, bonhomme. T'vas bien ? »
️cecil/nationofulysses
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