Taciturne — passionné à sa façon — blasé — mais avec quelques pulsions colériques — qu'il maîtrise pour la plupart mais sait-on jamais — grincheux — mélancolique — indéchiffrable — a peur de s'attacher — solitaire — curieux — quoique feint le désintéressement — vraiment devenu complètement indifférent aux hommes — sauf peut-être les enfants — a par contre de l'affection pour tout type de bestioles — développe encore facilement de l'admiration pour tout et rien — mais le cache super bien — très bon acteur — est plus malin qu'il ne le parait — plus doux aussi.


Quand René rencontra Atala pour la première fois, Atala s'appelait encore Ronce. Il avait le nez aplati, les dents crochus et les oreilles pointues. Ses iris ne voyaient rien et pourtant Atala vit René et Atala tomba éperdument amoureux de René car René était la moitié d'Atala et Atala celle de René.

René prit dans ses mains la chauve-souris, lui donna vers et moustiques qu'il écrasa lui-même en compote avec ses mains d'enfant de 12 ans. Il la blottit dans un torchon en papillote de chiroptère et porta l'animal contre son torse. Tout les soirs, il l'endormit en lui lisant ses poèmes et ses romans préférés et remarqua que le mammifère était particulièrement friand de romantisme, ses ailes tremblotant au rythme des vers de Lamartine et frémissant sous la plume d'Hugo. Quand le mangeur d'insectes sembla pleurer au moment des funérailles d'Atala, René rit et caressa la tête velue de la petite bête :

« Tu t'appelleras Atala et à travers toi Atala renaîtra et ne sera jamais vraiment morte ! Tu dois vivre maintenant pour porter la bonne nouvelle à Chactas ! »
Ainsi naquit Atala. Mais aucun Chactas ne trouva grâce à ses yeux aveugles puisqu'Atala savait déjà que René et lui seraient liés à tout jamais.

Jusqu'à ce que René devint d'Argent et d'Argent sombra à Petiot et de Petiot au couteau, du couteau, au revolver et du revolver à l'incendie. Des flammes purgatives, salvatrices pour que Petiot s'éteigne à jamais, que le fil d'argent soit rembobiné, que René revienne et que les ronces jaillissent des cendres et que des ronces fleurissent des myosotis et des magnolias qui faneront seront mangées par la vermine que la chauve-souris mangera elle-même et qu'Atala retrouve son René quand la roue aura recommencé à tourner.
Mais René jamais ne revint.
Et Atala jamais ne trouva de répit.


Déteste les chiens depuis que le sien est mort — vit dans une cabane au fond des bois sans eau, ni électricité — parle peu — mais c'est un accent de plouc indéchiffrable qui sort de sa bouche quand il l'ouvre — sculpte des petits animaux en bois qu'il cache pour les enfants — éprouve une franche sympathie pour les Hellébores — a toujours été discret chez les Magnolias — mange encore en secret des asticots — devient comme un ouf quand il voit des promeneurs saccager la forêt — fait franchement peur à la plupart des habitants de FV — à juste titre — espionne les gens sous forme de chauve-souris — se trimballe toujours avec un grand couteau — entretient une passion aussi dévorante que chelou pour les alpagas — a une impressionnante collection de bouquins — cache des fleurs séchées dans les pages — baragouine le français et l'allemand — a complètement délaissé ses protégés et son rôle de Magnolia pour retourner à la forêt — n'éprouve d'ailleurs aucune culpabilité — devient violent quand on lui parle de René — maudit tout les jours la réincarnation — mais en même temps voudrait vraiment qu'il existe une troisième vie — peut-être même un cycle éternel — peur panique des chouettes et des faucons — est franchement plus con que méchant.

mâo
*angst intensifies*