orestes s'est revêtu d'un manteau tissé de prétextes, ce matin.
il y a dans sa démarche une tristesse qu'il s'efforce de masquer; s'il presse le pas, ce n'est que par hâte d'arriver à sa destination – il s'en persuade, même si une faible hésitation se dessine sur son visage. il s'est couvert de bravoure et nostalgie en franchissant sa porte, armé de gentillesse discrètement teintée de mélancolie.
orestes a la main tranquille et une bonté marquée sur son visage; on ne voit chez lui que l'homme doux et attentionné qu'il paraît être à chaque aurore. on dit que l'homme n'est qu'un ramassis de mensonges, forgés tous les jours afin de protéger sa personne : orestes espère en être le contraire, pourtant il sait que c'est impossible.
le dos droit, il pousse la porte et entre en silence, le regard à l'affût. il sait qu'il n'a pas sa place parmi les livres remplis d'histoires contant des vies d'hommes que lui ne vivra jamais. il sait qu'il n'aura jamais une vie meilleure que la leur – car l'imaginaire est inconnu, et orestes en a bien trop peur. on recherche par nature le sentiment de familiarité; ce qui est étranger n'apparaît pas aussi accueillant qu'une mélodie qui nous est familière. peut-être que cela expliquerait la raison de sa présence aujourd'hui.
car orestes pense voir dans les yeux de nana une figure qu'il souhaiterait oublier. nana, qui ne mérite pas toute cette peine – il sait qu'il ne peut rien y faire. orestes ne peut qu'assumer les conséquences de ses actes, leur poids s'affalant sur ses épaules seules, car il détesterait voir nana en souffrir aussi. il y a des jours où l'impuissance l'habite, lui susurrant des mots doux à l'oreille.
aujourd'hui comme à son habitude un sourire se dessine sur son visage et il se déplace minutieusement; orestes détesterait briser le calme qui règne dans la librairie. il ne sait pas si cette tranquillité l'apaise; il en oublie un instant sa personne à la vue de sa silhouette qui lui est cruellement familière, avant de se reprendre en main.
aujourd'hui, comme tous les autres jours, il est orestes et non pavel. il aimerait se le tatouer sur le bras; la peur de l'oublier ne lui ait pas étrangère. il espère que personne ne le sait. c'est un cauchemar qu'il ne peut chasser.
— nana ! bonjour.
il s'approche doucement, une chaleur gravée dans le coin des yeux et sur le bouts des doigts.
— je t'ai apporté un café mais, il hésite un instant. mais si tu n'aimes pas, j'ai aussi un chocolat chaud. j'espère que je ne te dérange pas ?
nana, si jolie qu'il ne peut s'empêcher de l'admirer.
— ah ! j'ai aussi quelques pâtisseries, si jamais tu as faim. je les ai faites moi-même ! tu as mangé j'espère. j'ai – il baisse la voix, par crainte de trop s'être fait remarquer.
— j'ai toujours peur que tu oublies tes repas, finit-il par murmurer.
nana, si jolie qu'il ne pense pas pouvoir lui résister.
Nana
luzerne
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Mer 3 Jan 2018 - 17:17
là, tout n'est qu'ordre et beauté
sa silhouette de détachait en diaprures bleutées dans les lueurs opalines du soleil d'hiver il y avait dans sa présence les réminiscences fugaces d'une passion d'autrefois la délicatesses des amours endormis sous les cendres qui n'attendent qu'un mot de toi pour fleurir à nouveau il y avait des iridescences d'or dans les souvenirs de pavel et mona chrysocale onirique s'entremêlant parfois à leur réalité bonjour orestes ! nana avait les lippes ourlées de tendresse un sourire rose et les astres au coin des yeux tant d'aurores naissantes dans ses iris elle était ingénue teintée aux rouges d'amoureuse d'un autre siècle peut-être nana le voyait-elle avec ses yeux à elle égarée dans les eaux noires du styx ne pouvait qu'effleurer de ses fantasmagories la fièvre rubescente d'une passion noyée des ans le café sera parfait, j'en suis certaine. tu ne me déranges jamais. elle délaisse les ouvrages pour le rejoindre réduire la distance creusée par leur oubli débarrasser ses mains du café dans une étreinte brève de leurs doigts l'amour à mort s'était éteint et jamais plus elle ne serait sa venus pourtant dans sa dévotion d'amant au gré des temps égaré elle se sentait mona à nouveau nana au coeur étouffé le regard ombragé au soir de ses afflictions elle se retrouvait femme fantôme aux regards glissants sur sa peau une aphrodite vêtue de peinture à l'huile c'est gentil de te soucier de moi, mais je ne veux pas t'inquiéter tu sais ! je veux que tu prennes soin de toi avant toute chose. elle voudrait prendre ses mains mais son squelette est porcelaine (elle aurait peut de se briser) les orionides brillent sur ses cils quand elle le regarde émue de sa tendresse
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Invité
Lun 8 Jan 2018 - 2:13
orestes voit dans la silhouette d'annabeth une muse – à qui il s'était autrefois juré de dédier toutes ses esquisses même si elles ne finissaient qu'accrochées sur leur mur. dans ses yeux il croit revoir – à vrai dire, il ne sait plus quoi y voir. il y a un regret qu'il s'efforce d'ignorer et qu'il veut oublier – dans ses yeux, dans le bleu d'annabeth, orestes souhaiterait y peindre un tableau qu'enfin (qu'enfin il achèvera)
— oh non, non ! ne t'en fais pas pour moi, tu sais...
une faible rougeur couvre ses joues. il baisse le regard sur sa main et s'empourpre davantage, et orestes aimerait disparaître dans un des ouvrages qu'elle aime tant (là où il est certain de pouvoir lui plaire) ses yeux ne bougent pas et orestes aimerait pouvoir graver cette sensation – là où ses doigts ont touché une chaleur qu'il pensait perdue. il savoure cet instant et garde la tête baissée, plongé dans les vestiges d'une passion qu'il n'a pas oublié – qu'il ne peut oublier (il sait que cette sérénité est éphémère) orestes ne veut pas oublier ce moment. qu'ajourd'hui ils étaient annabeth et orestes, tous deux peut-être emportés par des souvenirs qui ne devraient que retourner sous les cendres.
— je vais toujours bien. ne t'inquiètes pas pour moi ! tu es –
(plus importante que lui) mais ça il ne le dira pas car c'est lui ajouter un fardeau qu'elle ne doit connaître
— enfin, tu sais. ça ne me dérange pas de venir te voir.
il relève la tête et lui sourit. il espère qu'elle peut y discerner sa sincérité, car il ne veut que son bien. orestes détesterait lui apporter de la peine – il en a déjà trop fait, ça il le sait. avec une bravoure soudaine il se permet de lui prendre la main, doucement, sans hâter son geste par peur de la gêner. orestes pense voir dans les yeux d'annabeth les premières lueurs d'un soleil qu'il attend depuis bien longtemps. c'est une chaleur qu'il aimerait toucher – ce serait savoir qu'elle ne voit que les couleurs vives d'une peinture qu'il a laissé inachevée (car sa muse n'était plus)
mais elle ne doit pas découvrir ces tâches sombres qui ont éclaboussé les bords du tableau, taché une esquisse parfaite – non, c'est une noirceur qu'elle ne doit pas revoir. c'est une ombre qui ne fait pas partie de ses souvenirs, et il espère que cela ne viendra pas obscurcir l'attention qu'elle lui porte (il n'est pas encore prêt à voir ses yeux remplis de déception et d'aversion) car c'est une histoire qu'il connaît sur le bout des doigts. ses souvenirs qui le hantent – et des souvenirs qu'il aimerait revivre à nouveau, mais c'est un rêve qu'il ne peut réaliser. c'est injuste, il le sait – qu'elle ne se rappelle pas de ce qu'ils étaient avant. ce n'est pas grave. ce n'est pas grave (orestes se souvient assez pour eux deux)
— ah, désolé ça te gêne. il pointe sa main qui toujours n'a pas lâché la sienne. les pansements, je veux dire – j'ai, j'ai eu un petit accident au café. je peux lâcher, si tu veux ?
Nana
luzerne
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Dim 4 Mar 2018 - 20:31
là, tout n'est qu'ordre et beauté
elle n'avait plus rien d'une mona à la peau florentine aux cils froissés et au souffle de muse caressant ses lèvres lunaires on ne mourait jamais quand on était mona aux lignes serpentines sculptées de peinture à l'huile ; couronnée de soleil ou de plomb elle serait toujours cette piètre reine (au moins dans ses yeux à lui) nana avait les joues roussies d'indolence ça me fait toujours très plaisir de te voir !
elle retrouvait la tiédeur familière d'une idylle passée dans ses doigts noués aux siens un douceur solaire qu'elle ne saurait oublier même si les ans avaient lavé leurs amours : elle ne savait plus où mona s'arrêtait et où nana commençait (elles partageaient cette éros au creux du coeur et ces cils emmêlés de nymphe, infantes de vénus et de tous ses vices) oh non, ça ne me gêne pas, pas du tout ! au contraire. elle était jolie en amoureuse, les lippes teintées d'adoration -- aveugle aux meurtrissures qui passaient dans ses yeux car nana ne connaissait pas les moires livides du désamour qui grandissaient déjà on voyait se faner les myosotis aux mélancolies azurées, affadis de mensonges : et dans ses doigts noués aux siens elle ne voyait plus que ceux qui autrefois avaient enserré son cou de marbre florentin
oh nana n'était pas du genre à laisser mourir les émois pourtant elle n'avait plus la force de chérir sa main je-- je suis désolée, je ne voulais pas... pardon, pardon ! les yeux mi-clos à l'aube des ecchymoses ; il n'y avait plus d'adoration dans ses yeux océan
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