Sur place, il tape du talon, penchant, jouant comme un bateau le ferait sur le rythme des vagues. 'Flower's seed' ; L'insigne s'imprime sur ses rétines, alors que lui, le cou tendu vers l'arrière, s'apprête probablement à avoir un torticolis à force de le détailler. C'est pas peu de se planter devant, il fallait peut-être un jour y rentrer. Une éphémère indécision couronnant ses doigts, il tend la main vers la porte pour ensuite l’enlever, venant replacer son écharpe bien trop grosse autours du cou. Peut-être que les deux fois d'avant étaient de trop, qui sait. Kaeru n'est pas du genre à rebondir sur les maigres occasions pour venir rendre visite à quelqu'un. Mais en plus, sur son lieu de travail ? N'était-ce pas un peu exagéré ? Le bout de son nez frise à cause du froid, il rentre un peu plus sa tête dans ses épaules. Faire un pas devant l'autre ne détenait pas du miracle. Il lui fallut alors qu'une simple et brève inspiration pour se donner du courage, se risquant à se glisser dans l’entrebâillement de la porte lorsque quelqu'un se décida à passer devant lui pour rentrer.

L'odeur de chaud ainsi que la vue de gens attablés le rassure un peu. Imperturbable était son repère,  ça le rendait presque trop heureux.  Pas sur le côté afin de s'assurer de ne pas boucher le passage à d’éventuels clients, ses yeux fouillent, se mettent à chercher frénétiquement un emplacement où il pouvait se poser.  Assez loin pour se faire oublier, mais assez près pour essayer de l'observer. Touches de rouge sur son visage où s'éparpillent une myriade de tâches de rousseurs (( il avait eut bien trop froid à attendre dehors )), il défile maladroitement dans la salle, s'installant finalement un peu dans le fond tout en pensant que ce serait la place idéale. Il relève le minois ; -Pas un seul signe de lui. Détachant son sac de son dos, le posant cette fois-ci bien trop délicatement au sol derrière sa chaise, il s'assoit en dégainant son portable de la poche de sa veste, offrant un coup d'oeil nerveux à l'écran de celui-ci. On était actuellement en fin de journée et Kaeru venait à se demander s'il n'était pas parti, ou bien si simplement Yoann ne travaillait pas, aujourd'hui. Un soupire vient franchir ses lèvres et de justesse, il retient un éternuement (( l'hiver arrive et les maladies avec)), grimaçant bêtement avant de renifler un peu. S'il devait attendre, autant commander quelque chose... Non ?

Bien assez tôt, c'est la confusion qui vient le frapper derrière le crâne. Au delà de son nez bouché par la maladie, grenouille se sent oppressé, presque écrasé par une foule inexistante. Récemment, c'est de plus en plus dur. Sortir. Voir le monde. S'acclimater. Proie mourante sous les griffes d'acier de ses monstres internes, il tend maladroitement à se souvenir du confort de son appartement, ultime échappatoire visant à le rassurer dans son exposition au monde. A t-il prit ses cachets ce matin ? Il ne parvient plus réellement à s'en souvenir, virant le flux de sa pensée sur des choses beaucoup plus futiles. Le courrier qu'il avait prit hier, la vaisselle qu'il n'avait pas encore terminée, cette fichue panne de chauffage installée depuis deux jours. Finalement ça l'apaise ; Les déboires du quotidien l'aide toujours à se focaliser sur le présent. Commander quelque chose. Faire comme tout le monde. Ne pas avoir l'air idiot. (( décalé ))

… Pourquoi est-ce aussi compliqué ?

Il renifle alors qu'on vient enfin à lui, à défaut qu'il soit assez indépendant pour chercher à interpeller un employé. La grenouille ose un coup d'oeil timide, mais ses ongles se serrent contre ses paumes en voyant que ce n'est pas n'importe qui.
Il surchauffe
et pourtant sa peau se décolore
peinture sans nom (( sans saveur ))
Un soupir ravalé. Il murmure d'une petite voix fluette.  « … Un café.»

Il déteste les cafés. Mais il ne sait pas, il n'est pas vraiment dans son assiette. Pas même un s'il vous plait, un bonjour, que du silence. Kaeru s'enterre de nouveau.