Plic. Ploc. -- faisait le bruit de la pluie alors que la soirée s’était écoulée pour laisser la place à la lune si belle et aux ténèbres de la nuit.
Un pas devant l’autre, petite foulée précipitée qui s’arrête quand s’ouvre à elle les portes de verre embuées où s’y écoule des drainées --
-- de larmes non versées.
Encapuchonné, les mains mangées par les manches qui se frottent dans des frictions sans le moindre ménagement ; alors que s’y mêle le souffle pour se redonner - en vain - un semblant de chaleur -- il relève enfin le menton, découvrant son visage rougit par le froid et l’effort, ses prunelles tombant nez-à-nez devant les rayons calibrés et les lumières saturées - épaules qui s’affaissent et muscles qui se détendent alors recouvert de cette température si appréciée.
Il se frotte vaguement le visage, comme si l’heure tardive avait raison de lui alors qu’il venait de conclure une nouvelle soirée - tout du moins particulière ; et un frisson le parcourt, incontrôlable.
Il y avait pire, chuchotait sa conscience et elle chuchotait bien, sa conscience.
Dégageant sa chevelure d’une main nonchalante, il s’avance enfin comme si les lieux le connaissaient bien, de cette aisance qu’il aime et qu’il adore -- et il s’avance, observe, juge et attrape un paquet de clope et des
reese’s d’une main avant de les fourrer dans la poche de son sweat le plus naturellement du monde alors que l’ongle de son pouce commençait déjà un grattage intensif dirigé vers les deux codes barres -- produisant ainsi le bruit infime du papier froissé.
Plic. Ploc. -- faisait la pluie et un, deux, trois petits pas avant qu’il ne reprenne son chemin, comme si de rien était, la marche plus assurée, comme s’il savait où aller ; direction la caisse, sans la moindre envie de payer et c’est dans cette optique qu’il débarque sous tes yeux - petit geste de la tête comme un
bonsoir chuchoté, avant qu’il ne s’affale sur le comptoir qui vous séparait, les deux bras croisés et le dos arqué alors que ses prunelles sombres plongeaient dans les tiennes tandis qu’un sourire plus grand, toujours plus grand, venait s’inscrire sur les commissures de ses lèvres, formant ce sourire si beau, si vrai, si franc ; dénué de toute mauvaise intention ou de raison.
—
heeey mec, la forme ? j’passe en coup d’vent puisque j’étais dans l’coin et j’me suis dis que mon doux visage devait te manquer et que mon cœur épris se languissait… fit-il sans le moindre sérieux alors qu’il observait le cadran qui dévoilait trois heures du matin.
tu finis bientôt ? reprit-il pour faire la conversation alors que son regard retombait - lorgnait - sur les éternels chewing-gum proposé à la caisse.
Une nouvelle fois, il se frotte le visage, une caresse sur le nez et appuie sur sa paupière à l'image d'un enfant trop grand -- et il semblait exténué, malgré l'entrain habituel que gardait le timbre de sa voix, si légère sans le poids du sens et du double sens ; parce que Reese disait les choses où ne le disait pas, avec cette simplicité si juvénile qui écrase le futile.
( il baille )
—
mmmmh... quel temps de merde...
et son ongle continuait à gratter.