Levillain garçon, qui se glissait sans gêne, sans crainte, dans le noir. Levillain garçon, glissait entre les tissus et les rêves de velours qui formaient le labyrinthe caché du cirque. Jardin d'Eden, allées de costumes, de corps, où bibelots mystiques et fauves mythiques se partageaient loges et célébrité... Les uns dans des cages, les autres dans des tentes.
Levillain, regard perçant et vêtu de nuit, tranchait la foule d'artistes hystériques et colorés dansant, allers-retours pour effacer les traces d'un rêve qui s'était évanoui : rideaux tombés, projecteurs retournés, public éloigné. Il ne restait que, survivant dans le déluge de démesure. De jolies danseuses pailletés égaraient quelques instant les regards de Roy, pour de timides sourires, qui s'enfuyaient à petits pas légers de souries. Si fines, si jolies... Mais si pâles et fragile. Levillain garçon étirait son sourire de loup, les imaginant si froissées dans quelques années.
Et bien que ses mains aimeraient à l'occasion caresser les peaux claires et fines des demoiselles qui courbaient leurs cils après s'être mordue les lèvres en regardant le roi avancer... Ce soir-là, Levillain Roy avait choisi une reine particulière. Toute en rondeur, tout en chaleur, tout en beautés insaisissables que Roy, pourtant, ne souhaitait pas posséder, mais plutôt admirer. Il savait trop bien que cette lumière pourrait le brûler trop fort.
Le désir avait passé l'arme à gauche, la fascination l'emportait désormais sur les joies du corps. Alors il glissa, lentement, entre les tissus qui gardaient les secrets chauds et délicieux. Ce n'était pas la première fois qu'il poursuivait la dame, Levillain est tenace et en le découvrant, altière, reine dans sa tanière, sans élevé la voix, elle le congédia sans avoir besoin de le dire ainsi.
Sans s'attendre à moins, Levillain engagea un sourire carnassier, si connu déjà de tous en ville, et accepta le défi de mort qui se révélait dans les prunelles sombres de l'artiste.
« Ne vous sentez pas trop visée, c'est l'artiste que j'admire, pas la femme. » Siffla-t-il en s'approchant encore, admirant les mains rougies par l'effort de Christie.
Dans ses mains à lui, il y avait un minuscule carnet et un crayon, qu'il présenta en haussant les sourcils, avec malice à son nouveau sujet.
« Voyez, tout va bien, je suis ici par pure curiosité professionnelle... je compte écrire sur vous madame. »