C'est bien beau. Le ciel nuageux, le monde qui tourne toujours dans le sens giratoire. Depuis plusieurs jours le temps est au beau fixe oui. Il fait chaud, dehors.
Il imagine que les parcs doivent encore être bondés (il n'y est pas allé). Il imagine que Grace et Molly sont passées (il n'a pas demandé aux infirmières).
Sur le coup ça lui a pas sauté aux yeux, ce soir là. Là devant ton corps étalé en martyr. C'est bien plus tard, sous le bleu d'azur, puis la blafarde lumière des néons. Tu sais, la dernière fois que vous vous êtes causés c'était pas pour vous dire des politesses. (il t'en voulait pas, il avait déconné, il ne le regrette qu'à moitié, il ne regrette que le fait que tu le saches, qu'il a déconné oui) Merci encore Leila pour ça. (encore Elle, il lui a même pas adressé un bonjour depuis ce soir là.)
Merci Leila (c'était bien de ta faute au final)(il n'est pas prêt d'oublier, par deux fois, tu essaies de tirer le tapis sous ses pieds) Des merci oui, il en a eut par millier au fond de lui lorsque on est venu le chercher dans la salle d'attente. Merci d'avoir réussi aux ambulanciers, aux infirmières, au chirurgiens, aux internes, aux secrétaires, à la dame de ménage même mais surtout : Merci d'être en vie mais vraiment : Merci de t'être réveillé. (ça aurait bien pu passer à côté malgré un si grand succès)
Tu ne sais pas Il n'a pas compté le nombres de pas qu'il a effectué devant ta chambre, ou qu'il a tapoté du pied avec impatience, sur une chaise de l'accueil. On lui a bien proposé de poser lui même les nouvelles fleurs, à l'intérieur mais il a dit non. C'est étrange, il ne sait pas vraiment pourquoi. Peut-être que de voir ton visage endormi, ton corps recouvert par le drap blanc, si jamais tu te réveilles pas, ah...si jamais tu ne les ouvrais plus jamais ces paupières oui... Il préfère encore avoir comme dernière image un toi, rose épanouit au poumon, pour se souvenir de cette colère, garder le feu bien alimenté. Pour continuer aller de l'avant ne pas finir au fin fond d'une énième bouteille. Il est resté sobre tout du long tu sais depuis. Il crève de soif pourtant, mais cette soif ne vaudra jamais jamais tu entends ? non bien sûr que non mais juste je t'le dis : Jamais ta fierté lorsque oui tu apprendras qu'il a bien gérer en attendant ton retour (c'est un chien bien dressé oui, déjà dit, il n'en a pas honte, il veut bien faire des tours, il veut bien faire n'importe quoi, il est plus à ça près tu sais.) Il veut même bien dire pardon pour cette soirée là, dont tu as eu vent. Un pardon un peu plus propre cette fois-ci, venant du fond du cœur de peur de n'avoir jamais pu le dire.
Il parait que c'est depuis ce matin mais il n'avait pas eu le temps de passer, avec le boulot tout ça, tu l'excuseras bien, ça il n'en doute pas. Il y a des priorités dans la vie contre lesquelles on ne peut rien. Dans le couloir, ses pieds sont peut-être encore plus pressés qu'avant, ses enjambées semblent comme s'allonger à chaque pas qui le rapproche de ta porte. Et une fois devant il n'y a plus que la raideur. (un nouveau bouquet en main dont il sait pas quoi faire, c'est un peu idiot lorsqu'il y pense, y en a déjà tellement qui décors te chambre, il en avait lui même posé plusieurs, mais il se dit qu'un frais c'est toujours mieux. Oui c'est toujours mieux que de se pointer fleur au fusil. Pourtant, il a peu l'impression que c'est ce qu'il est en train de faire. Que faire ? Que dire ? Comment te regarder dans les yeux après ce qui c'est passé ? (non il pense toujours qu'il aurait pas du te laisser seul avec elle)
Jean retiens son poing un seconde, avant de frapper deux coups, munit d'une grande hésitation, contre le bois. Il attend, d'entendre ta voix étouffée derrière (celle-ci lui fiche un frisson pas possible, il tangue, prêt à flancher, mais non, il peut le faire, il peut t'affronter sur ce terrain là, de quoi il se plaint, il n'est pas à ta place, même s'il l'a été un jour.) La main bloquée sur la poignée lorsqu'il entre, sa démarche un peu mécanique, son faciès crispé. Il aperçoit le tiens, de visage oui, fatigué, et c'est confus qu'il baisse les yeux, il a pas l'habitude de te voir ainsi non, c'est bien une première oui. Toujours chamboulé il s'avance un peu pataud, vient tirer une chaise à côté de ton lit, son bouquet sur les genou parait bien risible maintenant qu'il s'aperçoit à quel point vraiment, il n'était pas le seul à venir en poser (d'autre ont fait mieux, plus gros, plus beau, mieux organisé, pour le coup, ça le complexe, il ne te les tend pas.)
...
Entrouvre les lèvres, se racle la gorge.
Au poste, ça va, un peu comme dans à l'ouest rien de nouveau en fait, rien ne va, mais on fait avec, on patiente. Putain il se rend compte à quel point c'est risible, ses yeux regardent par la fenêtre, évitent ton regard. Si seulement vous n'aviez pas eu cette dispute, Jean n'aurait pas pris son jour de congé ce jour là. Mais bon. . .
se racle la gorge fois deux.
On va pas se mentir hein, il ricane, en plein malaise, Tu manques.
Aux troupes, A lui, à Molly sûrement aussi, mais lorsqu'il dit ça, c'est à lui qu'il pense, surtout à lui, à vos petites rigolades, à vos bières, à ses cigarettes dont il fait attention de ne pas souffler le voile mortel en ta direction. C'est con à dire comme ça mais ça témoigne vraiment, ce petit geste, de toute son affection.
Rien. Il avait beau y penser à mille fois au moins, rien n'était sorti de son coma. Il n'avait pensé à rien, rêvé de rien, rien fait évidemment. C'est comme si il était mort. Quelques jours, quelques heures. Qu'il avait cessé d'exister. Cette vie si fragile, quand on lui avait dit qu'elle tenait à un fils et qu'il l'avait cru sans vraiment y croire. Non. C'était trop dur à imaginer, trop cruel, quand le quotidien était trop bon. Tout pouvait basculer. Pour un oui ou un non.
Et Kye tergiversait sans arrêt, sur les mêmes questions, les mêmes réponses. Ça ne le dérangeait pas, ou plutôt il ne se rendait pas compte. Il ne comptait plus le nombre de poisons chimiques qu'il avait dans le sang. Il n'y avait qu'à voir les perfusions qui le reliaient à la vie. Suspendus au dessus du sol, pochette de morphine et autres soulagements. Son cerveau empaffé, embrumé, réduit à l'état végétatif.
Tant mieux, comme ça il n'aurait pas à se plaindre, à avoir honte de lui. Car l'héroïque, le beau, l'adorable Kye n'était plus. N'était rien. Plus qu'une victime, qu'un légume au visage amorphe et aux traits fatigués qu'on maintenait, dans l'espoir que son poumon s'en remette. "Un mois ou deux si il est chanceux" ils avaient dit. Un mois c'était trop à son goût mais il n'avait pas vraiment le choix.
Et dans cet ennui mortel dont le seul moyen de s'échapper était de se laisser porter dans les bras de Morphée plutôt que ses pensées, il y avait une question, un sujet, quelque chose à laquelle Kye n'aimait pas penser.
Un flash d'images. Il se revoyait, ce soir-là au poste. Le flingue pointé sur lui, puis le coup de feu. Un brasier dans sa poitrine, le sang chaud tremper ses vêtements et avant de perdre totalement connaissance, Jean. Il savait qu'il avait été là pour lui. Il savait aussi qu'ils ne s'étaient pas quitté en bons termes, pour une histoire futile par rapport à ce qu'il lui était arrivé. Allait-il venir? Etait-il déjà venu? Une chose est sûre, c'est qu'il espérait et priait qu'importe le Dieu si il y en a un qu'il vienne le voir. Pour le sortir un peu de son ennui. Et puis juste le revoir aussi.
Il sourit, les yeux clos, un peu triste au fond. Prêt à retourner au pays des songes, il avait déjà trop pensé à lui, un sommeil pour l'oublier...mais on toqua. De mieux qu'il peut, il lâcha faiblement un petit "Entrez" et son souffle se coupa quand il le vue. Il le détailla d'haut en bas, se demandant vraiment si les médicaments ne le faisaient pas délirer maintenant. Mais non. Le son de sa voix résonnait dans la chambre. Sa présence simple. Si il sentait encore un peu son cœur, il aurait certainement eu la boule au ventre. Mais rien. Il était plus détendu que jamais. Plus que Jean déjà. Plus insouciant, plus doux, plus docile. Leur dispute était déjà pour lui un lointain souvenir.
"Je t'attendais." Il se surprit à déjà arriver à formuler des phrases malgré que sa voix soit étouffée par le masque à oxygène. Il tendit, d'une main molle et tremblante son index sur le bouquet. "C'est pour moi ou tu as un rencard?" Il pencha la tête sur le côté et malgré les recommandations du médecin, ôta son masque, quelques secondes, pour dévoiler un tendre et amusé sourire à son compagnon. "Ça me fait vraiment plaisir...." Les mots de trop. Ses yeux s'écarquillèrent alors qu'il toussa un son crasseux, empli de douleur qui lui fit grincer les dents. Il se dépêcha de remettre son masque et prit une petite minute de répit avant de reprendre sa phrase, d'une voix abimée encore qu'à son entrée. "...Que tu sois venu."
Mais Kye n'aimait pas inquiéter. Alors même si c'était faux ou surjoué, il leva son pouce en l'air et lui fit un clin d’œil, presque faussement amusé.
"Merci Jean."
Apollyon
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Mer 31 Jan 2018 - 12:12
Fleur au fusil Feat Kye, un bouquet de fleurs
Ah ouai ? qu'il se prend à penser tandis que son cœur se resserre. Il n'aime pas être attendu, ça le fait culpabiliser d'autant plus de ne pas être venu aussi vite que possible, même si, techniquement, il a fait de son mieux (mais on peut toujours faire mieux n'est-ce pas on peut faire comme dans les films ; néanmoins comme toute personne lambda Jean s'était contenté de rêver le film et d'ancrer ses désirs dans une réalité procédurale) Il est là alors ça va, ça va oui, il se décrispe un peu devant le visage souriant de Kye, le laisse parler et emmagasine en lui avec attention, cette tonalité douce et attentionnée qu'il a, même s'il se rend bien compte qu'il doit complètement être défoncé à la morphine ou un cocktail semblable. Son corps ne cristallise à nouveau que lorsque son chef semble cracher ses poumons, ça ne dure pas longtemps, mais assez pour plonger Jean à nouveau dans l'eau glacé de la culpabilité. Alors, comme il ne sait jamais quoi faire de cette émotion, il tente d'y mettre un couvercle de casserole par dessus, et de laisser siffler le bouillon.
Pff c'est pour toi bien sûr, comme si je pouvais être d'humeur à serrer alors que tu es ici ? d'accord, ça peut prêter à confusion, il détourne son regard, gêné, cherchant un vase de libre. ...j'étais trop inquiet pour penser à ce genre de chose ces derniers temps...
Ce qui n'est pas faux en soit, pendant que son ami est allongé dans ce lit à l'allure froide, il a du gérer un poste à haute responsabilité comme il n'a jamais voulu en avoir, qui plus est en période de crise, puis l'arrivé de l'agent fédérale l'a mis encore plus à cran, il n'a pas l'air d'apprécier ses blagues les quelques fois qu'il l'a croisé, ça l'a mis à mal d'autant plus de devoir le côtoyer pour son enquête, quel idée qu'il gère le poste en l'absence de kye ??? Évidemment ça lui a fait plaisir...mais il ne connait pas encore bien la ville, de ce fait pour répondre parfois aux questions du FBI sur le terrain il est obligé de pas mal déléguer ou de lui même s'enquérir auprès de ses collègues, tout. le. temps, ce qui, en son sens, le rend pitoyable et indigne de la fonction. Il n'est pas à la hauteur, quand bien même il aimerait voilà tout. C'est pas qu'il a mal fait, non, tout marche comme sur des roulettes selon lui, mais ça roule pas aussi vite ni sans accrocs que lorsque Kye gère la baraque et ça, ça impacte son ego - déjà que son moral est au plus bas suite à l'attaque du poste. Alors bien sûr il peut lui dire que tout va, que Kye manque, parce que c'est ce qu'il préfère lui même croire, pas s'attarder sur les petites lignes qui bave en fin de contrat.
Il n'y a pas de vase libre, il reprend le bouquet entre ses mains, tripote l'emballage sans savoir quoi en faire, hors de question de les poser sur le lit, c'est ce que l'on fait lors des enterrements, il demandera à une infirmière en repartant...dans tous les cas, il n'a pas d'excuse pour se lever, lui tourner le dos, prendre le temps de se recomposer face à leur situation respective non, il est obliger de l'affronter sans grandes excuses pour ne pas répondre à la chaleur qui habite ses mots.
... mais t'inquiète pas...toujours au rapport...il rit, un peu, pas beaucoup, ce n'est pas un rire de fin de phrase mais de prise de pouvoir pour se donner du courage quand à la suite de celle-ci, mais vraiment c'est moi qui te remercie...d'être toujours là...d'être revenu.
Il a des mots coincés entre ses temps d'arrêts, des mots un peu plus doux un peu moins formels, des mots bloqués parce que quand bien même il les reconnait c'est une autre histoire des les avouer. (alors c'est son regard qui à la place, tente de parler)