save-me
le jour où elle est grimpée sur ce pont
((les violons ont cessé de chanter))
la mort lui tendait les bras qu'elle était belle et tentante avec ses reflets bleutés son écoulement éternel
se donner à la rivière
c'est ce qu'elle comptait faire
et il y'a eu cette main cette main qui s'est appuyée sur son épaule un échange qu'on aurait pu résumer à
je recherche une assistante, je suis lanceur de couteaux.d'abord stupéfaite elle était dans ses chaussures impeccablement vernies (sa vie n'avait plus de sens) et sa jupe bien plissée qui retombait joliment en-dessous de ses genoux
elle ne répondait pas à quoi faire elle était usée d'être l'objet de cette secte bloquée dans ses obligations usée usée de toute cette vie de faire semblant de croire encore
en dieu
j'ai vu dans un film que le lanceur de couteaux pouvait sauver la pauvre fille suicidaire en lui proposant un job d'assistante comme ça si je me rate on s'en fout non ?un sourire un peu triste venait s'ancrer sur ses lèvres mais si elle acceptait elle aurait une jolie fin une fin mémorable une fin teintée de sang pourpre
et depuis
on la surnomme la fille du pont
"on ne jette pas une ampoule quand elle éclaire encore."résumé
(née de parents français ; n'a pas peur de mourir ; jouait du violon ; ex-témoin de jéhovah, a décidé de sortir de cet univers suite à sa rencontre avec le lanceur de couteaux il y'a six mois ; de base elle comptait se suicider pour raison x ; a déménagé pour ses études à chicago il y'a trois ans ; et est revenue avec le lanceur de couteaux ; est très discrète concernant son passé mais ne refuse pas d'en parler si on lui pose des questions ; libérée ; un rien rebelle depuis qu'elle n'est plus témoin ; alors qu'elle était prude et sage plus jeune ; beaucoup de rumeurs sur elle, à cause de son acte suicidaire ; on l'appelle alors "la fille du pont" ; et s'en accommode bien)