Histoire

Il serait l’enfant grec aux yeux bleus et elle, amour, fragile, irascible serait sa blanche aubépine. Elle recompte sur le bout de ses cils les pas de ses bottines noires, elle le cherche entre les dalles des pavés en marchant la tête baissée et lorsqu’elle lève le regard elle le découpe de ses prunelles sur les ombres des étrangers. Elle s’amoure de son prénom sur les rondeurs de ses lèvres comme d’une prière silencieuse, un hommage aux dieux cruels lorsque ses doigts remontent en-dessous du flanc de sa robe ; elle le cherche lorsqu’elle le trouve et même ensuite elle le cherche encore pour la bonne mesure, pour un sourire de lui qu’elle troque contre son âme. Elle glisse entre les failles que son absence creuse et elle s’y abrite pour enfin s’endormir ; elle se dit qu’il lui manque, elle se promet que cette fois-là tout ira bien, qu’elle a été bénie bien bonne belle baisable – bleue et béante et pourtant son cœur rate un sursaut lorsqu’il tourne la clé dans la serrure et elle ne se promet plus, elle espère. Et elle recompte encore sur le bout de ses cils les frémissements de ses lèvres, le pourpre dans son regard et ses soupirs cruels lorsqu’il tire frappe crie et elle n’espère plus, elle pleure. Elle s’expie de son prénom sur les éclats de ses lèvres comme d’un blasphème assourdissant ; un hommage à Adam et à la trace de lui sous le flanc de sa robe. Et ensuite elle se remet à le chercher encore, à palper son amour sur les constellations de sa peau, et elle serre très fort son enfant contre son sein et se promet que cette fois-là tout ira bien.

Boîte à souvenirs

avatar / nessa + taylordraws.
prénom / laura.
nom / dupond.
nationalité / française.
occupation / ouvrière.

Ses doigts papillonnent contre les siens et se perdent dans les vallées de ses paumes et elle ramasse au creux de son cou les soupirs qui s’échappent de ses baisers sans savoir que ces souffles seraient leurs derniers, elle suppose seulement sans vouloir supposer et ses pensées s’égarent quelque part entre une promesse de retour et l’éclat du fusil. Elle retient ses contours au creux de la rétine comme on retient le visage de l’amour, gravite au bout de ses lèvres à la recherche d’une syllabe, ou deux, ou trois, du bruit de ses sourires lorsqu’ils sont trop grands.