Ugly FaceLes psaumes, les psaumes
Les ongles dans tes paumes
Les psaumes, les psaumes
Les mers de kippa,
devant toi, devant toi
L’air manque. Dans les synagogues aux voutes levées vers le ciel.
les couleurs, les feutrine, les dorures.
Les océans monotones du Hazzan a
la voix lancinante.
et les portes fermées fermées fermées, s’il vous plait ? Ouvrez, ouvrez.
les voutes si grandes, si grandes, elles écrasent ton crâne
et tu te noies Irvin.
Elles t’apeurent tellement.
Papa avait dit:
tiens toi droit
Maman avait dit:
Baisse la tête.
Alors la nuque brisée dans un angle impossible et les vertébres armées d’une rigors mortis tu avais marché droit.
Mais tu étouffais tellement sous
les attentions les regards les mots ton nom Irvin Irvin Irvin les soeurs les frères les pères les mères les oncles les tantes ton nom encore Irvin Irvin Irvin grand père grand-mère les morts Irvin Irvin Irvin le livre la foi l’école les prières les fêtes et Irvin Irvin Irvin l’avenir le dieu la mort l’argent la ville les matins les soirs les vacances et Irvin Irvin Irvin les enterrement les naissances les disputes et Irvin IRVIN ta trachée
ECRASÉE
ta gorge
COUPÉE
tes poumons
VIDES
plus rien
RIEN
du tout.
Dans ton coeur tu avais changé les Shabbat en sabbats,
couru loin, loin, loin, loin
là ou peut être il y avait encore de l’air.
Les pilules raclent dans la gorge
ah elles ont un gout amer, tu sais celui farineux et métallique qui reste sur le plat de langue.
comme ça ne t’en fait pas ils ne vont rien voir, rien rien rien rien,
Un petit dépôt blanchâtre d’absolution
et de soulagement en poudre
Chut chut tais toi, chut ils ne savent rien, tout va bien n’est ce pas tout va bien ?
parce que tant pis ça marche de toutes façon c’est pas grave
c’est juste un cachet. Ça ne fait rien.
Même pas besoin d’eau la brûlure est sympathique
et puis un deuxième car le premier frappe la têteet puis un troisième car le deuxième t’assoupis e t u n q u a t r i è m e c a r i l f a u t d o r m i r l a n u i t.
C’est ce qu’on dit. Oui. Il faut le faire. C’est comme ça. Si tu ne le fait pas. C’est grave. Fait comme on te dit. Si c'est ce qu'on dit. C'est que c'est ce qu'il faut faire. non ? J'essaie tellement de bien faire. Je veux juste bien faire.
« Salut » Desserre ta cravate balance tes chaussures ainsi que ta perfection dans un coin de la pièce.
Caresse lui les cheveux
Assied-toi à côté d’elle.
« Tu regarde quoi ? »
« Une émission minable avec des gens minables »
« cool. »
C’est ce dont vous avez besoin finalement non ? Passer votre temps à aiguiser ces médisances que vous aimez tellement partager tous les deux, à verser votre amertume sur ces gens qui vous font vous sentir moins minables. Et qui vous font rire, rire, rire. Et là, épaule contre épaule, sur un canapé le soir, vous retrouvez vos petits rites et ce qui fait que vous vous aimez comme ça, comme personne ne vous aime.
« Papa…? tu dors ? »
Dors Irvin, c’est pas grave, les sommeils infertiles aux accents chimiques et blancs.
Ils n’inquiètent plus ta fille, elle les connait bien.
Elle jette une couverture sur ta forme endormie.
Elle jette aussi ses affections (une caresse sur ta tête, tes lunettes sur la table) celles que vous vous dites toujours quand l'autre n'entend rien.
Au moins t’es presque mort non ? Mais tu l’es pas vraiment. Tu dors. Tu dors le vide et le rien le néant le silence. C’est un peu pareil non ? Tu peux disparaitre un peu, c’est pas grave.
ça fait du bien.
c’est pas grave.
Ça va aller.
Ça va aller.
C’est pas grave.