Musique — L’impatience d’attendre le bus ; elle avait raté le premier et elle est en retard. Nerveusement, elle se mord l’ongle du pouce et son talon cogne vivement contre le sol. Elle n’aime décidément par être en retard ; surtout qu’aujourd’hui c’est une journée plutôt spécial ; elle doit rejoindre Sunny pour une après-midi dessin. Et ce n’est pas tous les jours qu’on lui propose ce genre de chose sans qu’elle refuse ; elle avait préparé la veille ce qu’elle comptait emmener pour cet après-midi ; le tout ranger dans un sac suspendu à l’une de ses épaules.

Le bus arrive finalement et elle va s’installer sur un siège inoccupé et ses pupilles observent le paysage le long du trajet ; de la musique dans les oreilles, le nez derrière l’écharpe ; et pour couronner le tout, un soleil éclatant. Un soleil aussi brillant que son sourire à lui, elle ne l’a pas encore rejoint qu’elle a l’impression d’avoir le cœur en émoi. Il doit avoir cette capacité à lui mettre du baume au cœur, il est ce soleil qu’elle n’est pas, parce qu’elle est cette lune au cœur froid. Pourtant, en cet instant, elle a la réelle impression qu’il s’est un tant soit peu réchauffer. Elle ne comprend pas trop pourquoi, mais c’est ainsi ; peut-être cette impression d’avoir un petit frère dû au fait qu’il l’appelle « nee-san » depuis qu’ils se parlent dans la langue du pays du soleil levant.

Elle secoue un peu la tête, se pinçant doucement les joues pour se calmer un peu. Évite de t’attacher Freyja, tu en souffriras.. se répète-t-elle plusieurs fois, mais pour une fois, elle aurait envie de laissé passer ça. Elle se met toujours une barrière à ne pas franchir ; ne pas trop s’attacher, juste apprécier la compagnie de certaine personne comme Salomé. Elle ne fait confiance en personne en général, qu’en elle-même, mais plus elle y pense, plus elle a l’impression qu’elle peut lui faire confiance ; parce qu’il lui a ramené Hope, parce qu’il est le jour et qu’elle est la nuit. Mais tu risques d’en souffrir Freyja… Et la voilà qu’elle se met à cogiter, son ongle du pouce se retrouve à nouveau entre ses dents, le mordillant nerveusement.

La tête posée contre la vitre, elle serre son sac contre elle. Et une fois à destination, elle appuie sur le petit bouton rouge avant de se lever tranquillement de son siège, pour ensuite descendre du véhicule en faisant attention à ne pas se fouler la cheville.

Ils s’étaient donné rendez-vous au vieux chêne… Elle espère qu’elle ne se perdra pas ; elle suit le chemin indiqué par quelques flèches ici et là. Et soudain elle le voit, elle te voit toi, avec tes cheveux ébouriffé par le vent. Elle arrête sa marche lorsque tu viens vers elle en courant ; le sac serré contre elle, elle est plutôt surprise de ce sourire éclatant. Elle ne s’habitue toujours pas à ce trop-plein de vie t’émanant ; elle t’envie & elle envie ce sourire que tu peux faire aussi facilement. Elle l’envie au point que parfois elle le déteste.

« Konnichiwa Sunny » elle s’incline légèrement en avant, avant de se redresser et d’écouter ce torrent de paroles émanant de ta bouche. Elle a un peu de mal à suivre d’habitude, mais il faut croire qu’elle s’habitue à cette énergie surprenante. Elle acquiesce légèrement de la tête pour la première question, tentant d’esquisser un sourire sur ses lippes rosées. « Je vais bien, merci. Je n’ai pas emmené Hope non, je l’ai laissée avec son frère et sa sœur. Oh et… Désolé d’être en retard, j’ai raté le premier bus… Par contre… » elle ouvre un peu son sac, attrapant quelque chose de plutôt gros et de carré envelopper d’un joli tissu fleuris.

« Je t’ai préparé un bentō, je me suis dit que tu n’avais probablement pas mangé. Mais si c’est le cas, tu n’auras qu’à le garder, tu me le rendras une prochaine fois, sinon ? J’espère juste que tu n’es allergique à rien… » C’était surtout dû à ça qui avait causé son retard, c’est la première fois qu’elle faisait ce genre de choses pour quelqu’un d’autre qu’elle. Elle a toujours apprécié faire la cuisine en général ; bien l’un des seuls cours qu’elle a apprécié qu’on lui apprenne lorsqu’elle allait parfois à la villa de sa mère ; chez son père, il y avait toujours des personnes dans les cuisines. Après tout, il est PDG d’une grande chaîne d’hôtel et de restaurants, le personnel chez lui devait être exemplaire surtout concernant la gastronomie. « Et toi, ça va ? Les cours ne sont pas trop durs ? » Cela l’intrigue, elle n’a jamais mis les pieds dans une salle de classe.

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Elle acquiesce doucement à la première question, laissant alors la boîte envelopper du tissu entre tes mains ; en profitant pour replacer correctement son sac sur son épaule. Un rien semble t’émerveiller, du moins c’est ce qu’elle se dit ; que c’est juste un bento qu’elle a préparé au cas où que tu n’avais pas mangé et elle avait vu juste, ce qui la rassure un peu. Au moins, ce ne sera pas gâché, elle avait passé un peu plus d’une heure à tout cuisiner. Elle s’est même plusieurs fois entraîner dans la semaine pour réussir à faire les onigiri correctement, parce qu’au début, ce n’était pas gagné ; soit il y avait un peu trop de sel, soit ça ne ressemblait à rien et d’autres fois, ça ressemblait à quelque chose venu d’une autre dimension : quelque chose avait dû se renverser dessus et ce fut assez drôle à retirer du frigo étant donné que c’était collant.

« On pourra le manger plus tard oui, après... J’ai peut-être surestimé la quantité, donc si on ne finit pas, tu pourras toujours ramener le reste chez toi et partagez avec ta famille ? A part si tu vis tout seul… » Elle se rappelle de t’avoir vu à travers les yeux de cet homme qu’elle avait croisé en pleine nuit, mais il y a tellement une grande différence entre lui et toi ; tu es un soleil éclatant et lui, il était aussi gris que la pluie. Peut-être qu’encore une fois c’était dû à la fatigue, mais elle ne semblait pas avoir rêvé ; c’était bien toi qu’elle avait vu dans les souvenirs visuels de cet homme. Elle n’ose pas demandé pour le moment, elle attend de voir si tu comptes en parler.

Puis voilà que t’éclipses quelques instants avant de revenir avec tes affaires, elle écoute sans dire un mot tes réponses à propos des questions qu’elle avait elle-même posée. Elle cligne plusieurs fois des yeux lorsque tu parles d’Hope et d’elle, à propos du chat ; cela lui prouve réellement que tu es une personne généreuse avec les animaux perdu. Et dans un sens, cela la rassure qu’il existe des personnes comme toi ; elle l’envierait presque, oui. Elle envie cet homme qu’elle avait croisé l’autre soir d’avoir probablement un frère tel que toi ; parce qu’elle aurait aimé ne pas être fille unique. On se sent rapidement seul sans frère ou sœur ; elle se demande comment elle aurait pu être si elle était la cadette ou bien l’aînée. Peut-être que sa vie chez elle aurait été un peu plus joyeuse, il y aurait eu quelqu’un d’autre qui aurait pu la comprendre. Elle ne serait peut-être pas autant renfermée sur elle-même qu’actuellement et peut-être, qu’elle aurait pu te donner sa confiance un peu plus facilement.

Puis elle lève légèrement la tête vers les branches des arbres, lorsque tu soulèves le fait d’entendre le chant des oiseaux depuis qu’elle est arrivée ; c’est vrai que lorsqu’elle marchait pour venir jusqu’ici, le chant était un peu plus bas, voire quasi inexistant. « On est pourtant pas encore en printemps, c’est surprenant de les entendre à cette période de l’année alors qu’il fait encore un peu froid… » Peut-être est-ce lié à cet endroit, peut-être est-ce dû au côté surnaturelle de la vallée ? Elle l’ignore ; mais c’est peut-être aussi dû au réchauffement climatique. Il y a tellement de possibilité. Puis elle observe autours de vous, secouant légèrement la tête à la question. « Viens, on va se mettre par là-bas. »

Elle te fait signe de la suivre, se faufilant tranquillement sur un terrain avec un peu plus de cailloux par endroits. Elle tente de vous éloigner du chêne millénaire afin d’avoir la meilleure vue possible. « Ici ça me semble correct, on est ni trop à l’ombre, ni trop au soleil. » Elle commence à s’installer tranquillement, sortant son carnet et ses crayons de son sac. Observant par la suite, la pierre tombale au pied de l’arbre, elle cligne légèrement des yeux ; penchant sa tête sur le côté un instant avant de la tourner vers toi. « Tu penses que la légende est vrai à propos de cet homme ? Qu’il était un puissant sorcier… ? » Elle ne sait pas elle-même si elle est vraie, mais avec le fait de voir de temps à autres Lady, peut-être que la légende dit vrai et rien qu’à cette pensée, cela lui donne des frissons.

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