(je me sens cadavre, je me sens squelette, je me sens –
digne de descendre le styx vous savez,)
le coeur qui culbute.
le coeur en tumulte.
(et pourtant j'suis là,
et pourtant j'reste,
et pourtant j'demeure jusqu'à tomber à la renverse ;
j'voudrais me croire,
i m m o r t e l,)
un tesson de verre qui écorche, qui se coince dans le moindre interstice de peau pour y laisser sa cicatrice.
jude c’est un trait pas droit ; quelque chose d’assuré et pourtant d’un peu vrillé ; la plume tremblante dans l’hésitation, ferme dans la décision.
il s’écrase dans ses mots, les épaules rigides et les genoux qui encaissent le choc. l’amertume vient parfois épouser la courbe de ses lèvres, les cendres enterrer son regard de plomb.
(à sentir la mer
grimper dans mes sillons
creuser dans mes veines
la trace de mes dernières expressions)
il est difficile à lire, jude – silence de cimetière qui s’étale sur son visage parfois trop austère. gravité qui fleurit dans le recoin de ses lèvres pincées, constate avec un visage candide à peine acidulé.
et pourtant quelques part c’est une vague ; grandiose, qui éventre de sa simple présence. gorgé d’idéaux jude espère mener son propre navire à bien. à pas vouloir changer le monde, juste recréer son propre univers et sentir un nouveau souffle percer ses côtes endolories.
ses mots sont parfois comme une détonation, à se répandre sur le sol & jusqu’au plafond – des morceaux organiques d’un cadavre qu’on essayait de rempailler. il s’articule sous l’ambition ; instinct de survie qui parfois l’attire sa propre perdition – jude se fout des autres, de la population qui grouille, de l’innocent oublié dont il ne connait même pas le visage
(ceux qui comptes sont ceux qui doivent rester)
quelques noms raturés au bord d’un cahier, trahisons qu’il pourrait énumérer du bout de ses lippes du rose des rouges fanées.
jude n’éclôt plus,
il demeure comme les mauvaises herbes & le chardon.
ultra((violence))
jude est né dans le vacarme & le bitume de new york. un cri étouffé dans la foule, un visage parmi d’autres – un nom de plus au registre interminable qui couvre les murs de la cité.
jude c’était un silence, un trémolo qui s’enfonce dans l’immondice humaine, viens se perdre dans les bas quartiers.
pas un sous en poche et le jean toujours troué ; jude se perdait aux mains tentatrices d’une ville maudite. happé par les fantômes, les monstres d’ombre & de néant – il s’est forgé à l’enclume d’un destin tuméfié.
il a frappé à la porte d’une femme de fer ;
nouveau guide dans un monde qui continuait de l’étouffer.
maman ne comprenait pas ;
harper, elle, le faisait.
engrenage confus où un mégot de cigarette est venu se loger ; fumée partagée par deux bouches adolescentes.
l’une s’étouffe ; l’autre sourit à peine.
fallait bien s’trouver, à force de se paumer.
parce que l'air de rien, ((on étouffe))
(j’crois qu’j’me sens,
j’crois que j’suis,
j’crois que j’ai peur, aussi,)
le boumboum de l’incertitude et le coeur qui s’tourne à l’envers.
le fracas d’un futur plus sombre que les bermudes et le sourire qui s’tord de travers.
il y a pas d’solution
quand on a déjà tout perdu.
(et si,
et si tu sais konor,
on effaçait, on reculait,
et si,
on claquait,
on plaquait,
on s’tirait,
et si,
on foutait une putain de croix sur notre vie effondrée,)
– t’as quoi à dire ?
–
– t’as toujours un truc à raconter jude.
toujours les yeux qui s’perdent, qui s’accrochent quelque part –
et la machine qui prend la relève, et ça grouille, et ça grince,
et ça déconne un peu parfois, à l’intérieur ––
et il y a comme l’étincelle.
la lueur de ceux qui ont encore la foi.
(on va pas s’écraser, on va s’écraser, on va pas –)
– tu crois qu’on va s’en sortir ?
ton murmure qui s’écrase et jude demeure silencieux.
lui il écoute et il se tait.
il est comme
(le calme avant la tempête)
et il le sait, jude –
c’est terrifiant.
–
et il y a pas d’équation.
il y a pas de formule.
pas de logique qui vous dirige dans la brume –
ce n’est
(qu’un bal de funambules)
et malheureusement,
vous n’avez jamais appris à danser.
– on fait quoi alors ?
–
– ta famille ?
–
– la famille ?
–
déjà toute coffrée,
foutue entre quatre murs à pourrir, à s’décomposer. et jude il voudrait te dire,
et jude il voudrait te raconter
de belles histoires pour s’endormir,
mais il a jamais eu le talent de ceux qui savent faire voyager.
(sa réalité, à lui, est plus brute que le bitume)
(et j’me sens,
et j’entends,
j’arrive pas à me concentrer konor tu sais,
c’est un vrai bordel konor tu sais,)
– putain mais quelle merde. j’avais rien vu v’nir. t’avais vu un truc, toi, jude ?
(et parfois j’me dis,
j’aurai aimé être aveugle,
avoir les paupières collées,
fixées,
pour pas voir tout s’bousiller, se briser,
voir le monde s’éparpiller,
j’aurai aimé être sourd, aussi,
j’aurai aimé être infirme, peut-être,)
–
et la liberté c’est jamais donné,
et la liberté faut l’arracher,
avec les doigts avec les ongles avec les dents s'il le faut –
parce que celle qu’on nous sert dans de beaux discours,
elle n’est faite que de papier.
(il n’y a pas de règles,
il n’y a pas de lois,
il n’y a pas de choses auxquels répondent les miséreux,
hormis le simple choix :
vivre ou crever.)
j'reviens pourrir vos catégories, m'en voulez pas trop,
grosse bise ☆
(credits : faust)
(ft. park cutance jimin)
je te ferais les yeux doux ((avec du papier de verre))