il y’a des révolutions qu’on attend pour prononcer on les laisse tourner dans la bouche, elle se plaît là et grandit : les éclats deviennent des grondements, une colère inexpliquée qui vient des tripes et qui ne veut pas partir. entêtante comme une chanson d’été mais dans ces fureurs-là qui en deviennent douloureuses tant elles sont mordantes, il n’y’a ni soleil ni odeur de plage ; juste le sang en guise de mer et les cris pour imiter le bruissement des vagues. faite de carmin et de violence, l’abstinence de tom s’est transformée en une amertume destructrice. elle sonne le glas d’une nouvelle venue d’un nouveau monstre à craindre la nuit tombée ainsi que des rires dont il faut se méfier. il se méfie et veut arracher de ce jardin secret qu’est foxglove valley les vilains hellébores pour que la douceur myosotis s’étale et s’empare de la terre sacrée mais aussi maudite- ce bordeau inhumain profane les âmes comme celles de nana. nana n’est que douceur et d’un dévouement (égoïste il le conçoit brièvement) inouï qu’il admire et chérit. nana est belle les coeur et les poings et les pieds et le regard noir charbon du mauvais garçon craignent que les vilains de ton genre s’en prennent à ses pétales de pureté et de bienveillance. cette révolution vient de là il ne faut pas inquiéter les jolies alors il attend visage fermé, intrépide et excité. tom est pareil à ces sales gosses impatients de détruire un jouet qu’ils viennent seulement de recevoir. dans ses doigts roulent là la cigarette pour venir la baiser (c’est vulgaire quand c’est lui) c’est inhabituel mais il a besoin de ça pour détendre ses muscles. il s’anéantit pour mieux casser les autres à dix-neuf heures la nuit est plus ou moins tombée encore oscillante et il te regarde passer sans insistance s’abreuve de ton inconscience quand il te voit entre dans cette ruelle. c’est presque trop facile ainsi dans l’impasse tu es coincé entre quatre murs : ceux de béton et lui-même. poings dans les poches de son jean, casquette et capuche : il faut se donner un genre pour inspirer la peur pour provoquer l’angoisse dans les esprits simples de banalité. il sourit il te regarde quand tu es encore de dos avec ton fauteuil (il ne le cassera pas son but est juste de te provoquer le frisson qui poussera à la rédemption), il s’approche fluet et plein d’assurance et vient passer son bras à ton cou pour te tenir. son autre main toute aussi ferme, menace ton visage tout près de l’oeil avec le mégot allumé qu’il tapote pour en faire tomber la cendre tu bouge pas et tu crie pas ou je te crame l’oeil. il est joli ce minet, il s’appelle comment ? il se rappelle de l’ombre du nom de jack- qui avait toujours cette douceur sans furie : c’en était encore plus glaçant. il respire là, calmement pour faire baisser son rythme cardiaque et attend ta réponse pour continuer cette danse.
Parfois, Naï se disait qu'il aimerait bien être moins con, et c'était le cas de cette journée là. Ou plutôt de cette soirée. Mais cette idée remontait à déjà bien longtemps.
Encore une journée achevée. Une journée monotone comme toutes les autres. Ouverture le matin, parfois réception des livraisons, parfois un inventaire à faire, toujours des livres à vendre, toujours des clients chiants, parfois Cosmo en garde-à-vue (ces journées là étaient les plus ennuyantes), parfois du thé à la pause midi. Mais toujours la même journée. Toujours le même train-train lever douche soins médicaments déjeuner travail repas médicaments travail repas médicament dodo.
Mais parfois des perturbations qu'il ne refusait pas - bien au contraire - pour ajouter un peu d'aventure dans sa vie parce que petit Naï voulait être un aventurier comme dans les histoires. Il voulait courir dans la jungle, dompter un lion et affronter des dragons. Et parfois, il se plaisait à dire que c'était à moitié vrai. Quand il franchissait des obstacles qu'il imaginait au départ insurmontable en fauteuil. Quand il faisait face au plus terrible des clients de la librairie. Quand il apprivoisait des nouveaux chats blessés - un félin restait un félin petit ou grand, les fauves pouvaient s'avérer dangereux. Dans ses périodes les plus optimistes, Naï s'imaginait aventurier à moitié. C'était là un drôle de métier, cet aventurier quotidien paralysé. Ça lui empêchait de penser à de trop mauvaises choses - son papa mourant les procès face à ceux qu'il avait détruit son avenir gâché - non non non Naï, n'y pense pas n'y pense pas n'y pen-
Oh, un chat.
Tout petit et tout gris, comme s'il était tombé dans une cheminée. Tombé de haut, très certainement - il fallait au moins une cheminée - , puisque le petit animal boitait méchamment. Dix-neuf heures dix, bien, il avait le temps. Attraper les chats sauvages en fauteuil était un travail bien fastidieux. Il fallait être calme et discret et surtout régulier dans le rythme pour les effrayer le moins possible. Malgré sa blessure le petit chat allait toujours plus vite que lui. Il marchait droit devant, oreilles plaquées contre son crâne, bien décidé à retourner à l'endroit qu'il avait en tête. Et Naï le suivrait jusque là bas. Même s'il ne pouvait pas l'attraper maintenant, s'il pouvait au moins savoir où il vivait, ce serait une bonne chose de faite. Il n'eut, par chance, pas besoin de s'en aller bien loin. Bloqué dans une impasse, il était si proche du but. Naï n'avait plus qu'à tendre les bras et se pencher légèrement pour l'attraper avant qu'il ne saute par dessus le mur et- il n'en eut pas le temps.
Ça se déroula un peu trop vite pour la personne qu'il était devenu depuis qu'il avait volé au travers d'un pare-brise. Il ne l'entendit pas, mais le félin - à en déduire par le mouvement de ses oreilles et ses muscles qui s'étaient soudainement tendus davantage - oui. Naï avait commencé à tendre les mains avant qu'on ne le saisisse fermement. Et il s'était immobilisé en quelques secondes à peine sous l'effet de la surprise. Maintenant il n'y avait plus que de la peur et de l'incompréhension.
S'il avait voulu hurler, sa voix serait restée bloquée quelque part dans sa gorge. Mais au lieu de ça il restait figé, réfléchissant à qui pourrait lui en vouloir, et pourquoi. Non pas que ce serait surprenant. Mais parce qu'il y en avait beaucoup beaucoup trop.
Jordan Anthem, qu'il avait harcelé et agressé au lycée jusqu'à le pousser à se déscolariser? Anthony Smith, à qui il avait volé la petite amie? Ben Winter, qu'il avait tabassé avec sa bande parce qu'il était gay et voulait rejoindre l'équipe d'athlétisme? Un ami bizarre de Philomène, dans l'optique où elle avait des amis? (il n'en était pas sûr, mais la situation n'était clairement pas bonne pour commencer à disserter sur ce sujet) Et il en passait d'autres.
Lentement, sans faire de gestes brusques, il reposa ses mains tremblantes sur ses jambes insensibles, se disait que, sans doute, il avait mérité ce moment, et s'étonna presque que ce ne soit pas arrivé plus tôt. Mais comme les cris, aucun mot ne parvint à sortir de sa bouche.
Naï resta juste là, pathétique et pitoyable, apeuré et silencieux, prenant conscience qu'il n'était certainement pas un aventurier. Il n'avait pas l'âme d'un héros. Dans un livre, il aurait été l'un de ces sous-fifre du méchant un peu trop stupide qui finissait réduit en pièce par le héros ou l'un de ses amis pour le plus grand bonheur des lecteurs au cours des dernières pages. Et on était à la fin du livre.
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Jeu 29 Mar 2018 - 23:55
Suis-moi si tu veux voir des monstres gentils
la cendre menace alors qu’elle est déjà morte : c’est drôle comme ce cadavre de mégot, de ses sombres paillettes, peuvent arracher un cri grinçant quand elles s’accrochent à la peau. il est à ça d’appuyer sur l’épiderme intact à ça de te sublimer d’une tâche ronde et éternelle, preuve des erreurs que tu as commise : tu peux te repentir mais tu restes à jamais un ancien déchet carmin. un rire nerveux lui échappe et ses mains noueuses (c’est dans sa tête qu’il se sent comme s’il avait déjà un siècle centenaire du coeur- ses racines sont bien enfoncées dans le sol et pourtant si faciles à déraciner), vieillies par le chemin parcouru (c’est faux elles sont juste longillismes et tendues, crispées) : il t’empêche de parler de ses armes à doigts. puisque tu as décidé de ne pas lui répondre il te retire la parole en enfonçant ses phalanges autour de ta bouche et il tapote la mort ploc ploc pour que la flamme à son bout soit ravivée il en prend une bouffée et l’écrase sans pitié à l’arête de ta fine mâchoire. dans sa tête il entend le rougeoyant crier : ça sent le cramé mais c’est sûrement dans sa tête ça aussi. comme un suçon par la dernière amante à défaut de t’aimer de ses lèvres il t’a laissé l’indélébile avec cette compagnonne, qu’il laisse tomber ensuite sur le sol. il ne contemple pas le désastre et pousse un long soupir en relâchant la pression : il ne sait pas si tu as crié (il a empêché le son de s’en aller) mais le silence lui satisfait tout autant. il époussette ses mains sur son pantalon en parlant à demi-ton comme si tu étais trop sale pour lui alors qu’il est fils du moulin et de ses horreurs. c’est vraiment malpoli de pas répondre aux questions, t’es à ce point une tapette que ça ? il reste aux aguets du moindre sursaut de violence que tu pourrais avoir toujours juste derrière toi- il s’est toutefois redressé. tête baissée pour fixer le haut de ton crâne le monde de haut est bien plus beau que quand le sien résonnait en choeur avec les murs du sinistré oui- il y’a un plaisir obscène quand il te voit ainsi. si tu ne me réponds pas j’te jure que la prochaine étape c’est le fauteuil. tu sais pourquoi on est là ? ça fait quoi d’être une saloperie d’hellébore ? cecil ne serait pas fier mais cela fait longtemps qu’il ne compte plus sur l’amour des proches : cela fait longtemps que tom est une immense déception, même pour lui-même il ne ressent aucune honte quand dans ses phrases il utilise des insultes en guise de ponctuation- de coups de pieds dans les roues comme onomatopées.
Ça aurait attiré l'attention, pas vrai? S'il avait hurlé. Mais les sons sont atténués par cette horrible main menaçante. Il n'a toujours pas vu entièrement le visage de son assaillant. Naï se demande s'il le connait. Et peut-être pas après tout. Peut-être que des gens les avaient vus et n'en avaient juste rien à faire. Il aurait fait pareil après tout. On se dit toujours que ça n'arrive qu'aux autres, que ce sont des cas isolés, et on se rend souvent trop tard que c'est faux. Et on fait face là, impuissant, à la situation, comme un con. La cigarette n'est plus là mais les brûlures susurrent leur présence à son oreille. Elles grattent grattent grattent la peau la chair et ça brûle, ça fait mal. Quelques larmes tombent contre toutes volonté mais elles aiment danser avec la souffrance on ne peut rien y faire. Pourtant non je ne suis pas une tapette c'est ce qu'il se dit dans sa tête. Mais il a honte, c'est humiliant.
Il y a quelque chose de trop familier dans cette impasse. Mais quoi?
Être hellébore lui semblait être le plus grand crime qu'il n'avait jamais commis et pourtant, c'était loin d'être le cas. Parmi toutes ces "saloperies", il n'avait jamais dénoncé un myosotis, jamais forcé qui que ce soit d'effacer ses souvenirs contre son gré. Des menaces lancées dans le vent peut être, pour leur rappeler que d'autres ne seraient pas aussi cléments. Il était.. tombé amoureux d'un abruti qui transportait un oiseau fantôme sur son épaule et qui brillait comme un soleil. Il n'avait pas voulu blesser qui que ce soit. Était-ce le cas? Qui ça? Il existait des hellébores bleues. Elles étaient sombres, mais bleues. C'est sans doute un peu comme ça qu'il était. Le mort hellébore était cependant de trop, et il fallait maintenant payer pour ça.
Quelle ironie, tout de même, de se faire agresser dans une impasse juste pour une affiliation. Il avait tant de raison quasi valables de se faire tabasser, mais il fallait que ce soit celle-ci.
- je- je sais pas, dit-il d'une voix tremblante en passant une main sur ses brûlures (elles font mal, vraiment, plus le temps passe et plus elles sembles agressives) j'ai jamais rien fait aux myosotis je... crois (il n'en est même plus sûr. peut-être qu'indirectement...) mais si c'est arrivé, c'était pas voulu...
Naï ne ment pas. Il ne ment plus depuis que les jolis mensonges sont devenus plus douloureux que les écœurantes vérités. Depuis le moment où, impuissant, il avait du faire face aux belles paroles de ses parents qui cachaient des pensées trop sombres. Depuis qu'un "je serais toujours fière de toi" était devenu un "tu es une honte et une déception depuis trop longtemps maintenant". Et aujourd'hui, tu en paies le prix.
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Sam 21 Avr 2018 - 18:54
Suis-moi si tu veux voir des monstres gentils
dans cette ville aux morbides pulsions, il n'y'a pas de justice pour les plus grands criminels. pas de cour pour les arracheurs de souvenirs, pas de prison pour les pétales carmins. c'est une histoire de faire taire les réalités que le peuple refuse d'entendre on a toujours répété à tom de ne pas décider avec ses poings, mais si ceux qui se battent avec la raison et les mots se préfèrent silencieux : comment cesser ce manège troublant contre lequel ces fleurs de la pinède doivent lutter ? son rire est fou et sot quand il entend le tremblement de ta voix c'est tellement grisant ce pouvoir qu'il possède en cet instant sur une ordure dans ton genre. tu ne sais pas ? il ricane et balance, d'un geste moqueur et désinvolte, ton fauteuil sur ta gauche : le juge de ce tribunal improvisé n'a que faire des plaidoiries de l'accusé (et du manque de victimes l'on dit des enfants cruels qu'ils n'ont pas besoin de preuves pour dénoncer et punir). sa semelle s'écrase sur ton crâne (mange donc la poussière) ah ouais ? vaut mieux prévenir que guérir alors. le tyran fait mine de réfléchir par un silence et reprend, faisant glisser sa chaussure sans appuyer comme sur un parquet ciré : il ne met pas son poids mais il reste la menace là, sur cette zone fragile du milieu de ton dos pour t'intimer de rester immobile. pourquoi tu as pas encore touché nana ? d'ailleurs tu l'appelles plutôt nana ou annabeth ? fais attention à ta réponse c'est important pour la suite ahah ! dieu sait ce qu'il a en tête, penché pour te surplomber je suis sûre qu'elle dirait rien même si tu t'attaquais à elle, sa bonté est trop grande elle aurait pitié vu que t'es handicapé là.