Comme j’aime entendre ma forêt s’éveiller en même temps que moi
J’aime voir ses ramures habillées de vert s’étendre toute l’année et se bruler en s’approchant du soleil
J’aime la voir flétrir et rentrer dans ses chaudes racines l’hiver arrivant
J’aime pouvoir vivre et mourir en même temps qu’elle
Je n’arrive pas à ressentir la même chose ailleurs…
J’aime la ville mais…elle ne meurt malheureusement jamais…
Les deux sont hétérogènes mais tellement inséparable !
Non je ne crois pas qu’un jour je puisse réellement choisir entre les deux
Je meurs le jour ici
Je vis la nuit là-bas
Tout ceci me convient depuis bien longtemps, je n’ai pas à me plaindre je crois…
Car après tous les deux me donne tout ce dont j’ai besoin
Les deux sont comme des prisons à ciel ouvert, l’une est plus vide que l’autre
Mais le bois joli lui m’offre un air pur qui ouvre mes poumons à vif
Les bois me couvrent difficilement de ses dénudés feuillés
Que je m’empresse de retirer
J’aime ce beau manteau avec ses cristaux d’argent qui fait reculer les indigents
Moi je n’ai pas peur de faire fouetter ma peau par le vent qui crie
Je l’aime tant ma forêt !
Je me glisse en son berceau cristallin où rien ne vit
Cette eau déchire mon corps, mais ce n’est pas grave
J’ai depuis bien longtemps gagné ce combat contre ce souffle sibérien
Elle essaye de me mordre partout, mais je ne sens que ses caresses
Elle danse et ondule autour de moi, mais je ne peux la saisir que dans le creux de mes mains
Et comme mélodieuse symphonie un feu de bois qui crépite à 3 pas de moi
Je sens sa chaleur me lécher la nuque, comme un doux appel
*sifflote*
Je ne me sentirai jamais assez à l’aise ailleurs qu’ici
Oh, il y a bien surement la Maison mais…
Il y avait toujours entre elle et moi, comme qui dirait un encombrant malaise qui me poussait toujours à partir le plus vite possible
Je connais bien sur les raisons qui me font penser cela mais…
Je ne veux pas y penser…
Je ne dois pas y penser !
Monsieur Dae m’aide désormais
Je ne dois pas ruiner ses efforts
Je ne dois pas – pour une fois – ruiner les miens…
Je pense trop encore…
Je devrais me concentrer sur ce qu’il y a autour
Mais il n’y a rien !
Ou au contraire il y a tout
Comme ce craquetement qui me fait brusquement sortir de mes contemplations
Un animal ?
Non, les animaux ne sont pas aussi brusques
Et il n’y a pas d’animaux suffisamment lourd pour faire ce genre de bruit…
Est-ce qu’il y a quelqu’un…
J’ai été imprudent
Je suis toujours imprudent…
Pourquoi je le suis bon sang !
Qui viendrait se balader ici en hiver
Les températures suaves se sont enfuies il y a une éternité
Je n’ai rien
Je ne peux rien donner
Je ne veux rien donner
Laissez-moi tranquille
Laissez-moi pourrir dans l’eau gelée
Mais ne me faites pas de mal