histoireje porterai les glaïeuls
quand tu porteras la
tombe.
tu seras magnifique. je le sais,
car c'est moi qui te laverai
c'est moi qui t'habillerai
c'est moi qui, lorsque tes yeux clos ne trembleront plus,
te mettrai en terre.
et tu seras magnifique.
le plus bel oiseau que les vers
mangeront.
je m'allongerai le long du trottoir,
comme j'allongerai la fumée de nicotine
en ton honneur.
une pall mall. seulement une.
toi seul
d'entre nous en connaît la saveur.
peut-être qu'en y apposant mes lèvres,
lèvres craquelées, parcheminées par tes
souvenirs,
peut-être que je parviendrai à retenir
une partie de toi, enroulée
au coin du papier enfumé.
et les nuages danseront pour moi.
ils me feront voguer. du moins j'en aurai
l'impression.
c'est tout ce qui compte, aujourd'hui,
la sensation.
et la volute se profilera au loin.
au coin
de mes lèvres retroussées.
(c a r n a s s i e r)
c'est pour mieux te dévorer,
mon enfant.on jurerait t'entendre rire.
car tu vois. tu sais. moi,
je ne dévore pas les mioches.
je dévore personne.
j'ai les dents érodées. du sable s'est infiltré
dans ma bouche.
puis a tout balayé, c'est rouge sang
je ne peux pas mordre, je ne peux pas bouffer.
à peine il y a de place pour marmonner.
les gens, ils appellent ça parler dans sa barbe.
mais j'ai pas non plus de barbe.
je t'entends encore rire et pourtant,
tu es loin loin loin
de ta tombe. je t'entends rire comme si
tu venais de mourir.
j'ai toujours été ton bouffon,
le jongleur, le troubadour.
j'anime tes scènes quotidiennes en voulant
articuler mon existence, lui faire l'amour la cour.
je t'entends encore rire.
et je pince les lèvres
autour de ma pall mall imaginaire
autour de ton essence e x e m p l a i r e.
tu ressembles aux néons.
tu ressembles aux lumières.
t'as laissé des r
é
s
i
d
u
s
dans mon regard,
chaque fois que je contemple ma vie,
tu y persistes en filigrane
je t'avoue, maintenant que tu m'as laissé
derrière
comme un
chien,
que j'en ai un peu marre.
je voudrais nous effacer, pour me réapproprier
le
je que t'as conservé.
il est pas vraiment à toi mec.
ouvre les yeux ; comme t'as ouvert mon cerveau.
(y'a trop de vent qui y passe depuis, abruti)
et je pince les lèvres
autour de ma pall mall imaginaire
autour de ton essence e x e m p l a i r e.
je suis con. rien qu'un con.un préfixe et pis c'est tout.
car je sais bien,
que je te dirais rien de tout ça.
j'ai pas le blé pour me payer une cabine
où t'appeler.
te menacer.
te maudire.
pour quoi ? je ne sais pas.
mais je sais, que sans toi, je n'arrive pas
(je n'arrive plus)
à cadencer ma vie.
et je pince les lèvres
autour de ma pall mall imaginaire
autour de ton essence e x e m p l a i r e.
va te faire foutre.plus que tout, je t'avais demandé
(supplié)
de ne pas me laisser seul.
de quoi ai-je l'air hagard perdu délaissé
je suis sans médaille sans famille
moins qu'un homme, moins qu'un chien
je m'allonge dans la rue et j'attends
parce que sans toi, sans personne
je n'ai pas d'histoire. je ne peux pas danser
je n'ai que ta mort comme partenaire.
car tôt ou tard
moi en vie
toi en terre.
puis j'y pense puis j'y pense puis j'y pense puis j'y pense puis j'y pense puis j'y pense puis j'y pense puis j'y pense puis j'y pense
toi en vie
moi en terre
ta mort. horrible. me
h a n t e
.
et tout le monde connaîtra ton histoire,
((chantée)) ((écoutée)) ((racontée))
comme une longue
éternelle
mélodie qu'on f r e d o n n e.
i'm a poor lonesome cow-boy