Pas de cri à la lisière de la forêt : autre que la fureur sauvage sur le cœur d'Oskar. Une frénésie sans origine ni fin, silencieuse et décharnée, se ronge la queue à l'ombre de ses mains d'enfant. Oskar est loup en cage aujourd'hui, la tête lourde du sang qui monte, les oreilles encore sifflantes - de s'être fait trop de fois appeler. Il rêve des pins et des rivières sur ses doigts, lorsqu'il revient à la maison avec le chien, il a la tête fraîche d'avoir tenté de s'y noyer. Peut-être que depuis la veille, la colère des adultes s'est épanchée dans le bois, gonflé des sanglots depuis tant d'années - mais jamais sur sa peau, toujours ardente et déjà saturée : il n'apprécie pas de se faire crier dessus. Une tristesse verte pend froidement à ses deux yeux en passant la porte. La maison est encore vide à cette heure : ça lui laisse le loisir de se cacher.
Écrasé d'été infernal sur l'herbe, il écoute patiemment sa vengeance au bec des éperviers. La colère sous ses ongles est vieille et automnale, elle a perdu de sa rougeur. Mais elle se suspend toujours au clou vicieux de son ego d'enfant, blessé et ambigu, et ça empêche tout le reste de son être minuscle de réfléchir. Alors il retient cette idée, claire au-dessus de ses émotions emmêlées, vicieuse comme un jour de novembre. Lorsque la porte de l'entrée claque, Oskar sait qu'est venue son heure.
Il salue son frère du ton neutre des jours innocents, et s'éclipse à la fraîcheur de la chambre. Il a trouvé sous le lit son arme, une souillure pourtant innocente dans ses yeux, une idée qu'au fond de son cœur il sait être mauvaise. Mais la férocité parle toujours plus fort. En revenant vers la cuisine, il se sert nonchalamment un verre de jus d'orange et s'asseoit face à Zachary, avec la tranquillité des justes, pour rafraîchir son front et sa fureur carmin. Puis, d'une poche il tire la jupe, roulée en boule, et la pose sur la table. ‹ J'ai trouvé ça. › Il boit une autre gorgée. Sa nonchalance est un mensonge sauvage, de ses yeux il veut crever les siens. ‹ Ton père il va pas aimer que tu te tapes des filles, non ? › Il aimera ça sans doute moins que de le regarder mal comme il le fait parfois, de siffler que ça suffit Oskar. De ses yeux d'enfant il veut lire la détresse infantile, dans ces prunelles trop adultes qui n'ont même pas son sang : une dent pour une dent. Il sait qu'il doit avoir honte de lui, mais ça ne vient jamais. ‹ C'était dans la chambre en plus. T'as fait ça sur mon lit ? C'est dégueulasse. ›
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Mer 8 Nov 2017 - 23:37
ne regrette pas les spasmes les vibrations, l’excitation, les nuits d’action le ciel est gris, les anges pleurent
oskar est comme une tumeur qui le ronge qui l'attrape sans lui laisser le choix de l'accepter elle grimpe sur sa peau mais on s'y fait on la laisse nous crever peu à peu elle devient une part de nous junior vous le dira à quel point il est néfaste pas fréquentable et complètement détestable qu'il détruit tout sur son passage car il a onze ans et que c'est souvent ça, le boulot des petits frères de faire mal et tressauter les insultes souvent ça échappe les sale bâtards les petit cons, ça sort tout seul comme une jolie chanson sauf qu'elle n'a rien de mélodieuse zac remonte d'un doigt ses lunettes sur son nez la concentration rivée sur l'écran de son téléphone c'est de ces longues journées où la maison est vide où l'adolescence peut chanter et rire sans faire attention au bruit- jurer comme un charretier sans se soucier des petits enfants qui franchissent justement le pas de la porte mais au fond, qui est le plus violent entre toi, oskar, et ton aîné ? oskar à la cruauté enfantine, aux relents de maupassant sans pitié il lève à peine son regard en premier lieu quand tu te sers à boire le mépris est cordial le mépris est une évidence car il commence par l'ignorance l’œillade est mauvaise quand tu t'assieds face à lui demande en silence si tu ne trouves pas autre part pour t'asseoir que dans son champ de vision ((les pattes de la chienne de miel battent le rythme sur le sol, les griffes tapotant le sol à chaque pas)) et ta voix, horreur et immondice s'interpose dans son monde fronce un peu les sourcils zachary éteint son iphone pour se concentrer sur la pièce à conviction qui remplit son visage tout d'abord d'un profond désarroi la balle jupe toute fripée qui n"a rien à voir avec le tee-shirt trop grand à l'imprimé effacé qu'il porte actuellement non non rien à voir rien à v o i r tu n'aurais pas dû tomber sur ça oskar mais reste silencieux junior se mordille un instant la lèvre s'enfonce dans la chaise et se la joue indifférent mais se doute que tu n'es point dupe au masque tu ne te doutes pas et pendant un instant ça le rassurerait presque que tu penses qu'à quatorze ans déjà se tape des filles plutôt que ça soit lui qui se fasse taper (ahah) c'est d é g u e u l a s s e c'est toi qui l'es, oskar un sourire confiant de grand frère avoue ça te ferait bander que ça soit dans ton lit, t'es trop jeune pour connaître tout ça. son corps se penche et d'une main tente d'attraper la preuve de ses erreurs avec hargne une colère qui retranscrit bien le fond de ses pensées- à quel point ça le désoriente d'être confronté à tout cela donne-moi ça p'tit con, cherche pas à t'incruster dans ce que tu ne peux pas comprendre. on en reparlera quand tu auras vu ça à l'école, mais pour l'instant bébé oskar doit retourner dans la chambre faire sa sieste. appuie bien sur les plaies de la jeunesse car tu as à peine dépasser la décennie de vie et déjà bien trop de rage à éliminer
Il y a quelque chose de grisant à voir au creux des iris rugir cette angoisse jaune, exposée à la lueur du ciel. Ça soulage les plaies ardentes d'Oskar, de faire taire les arrogances des montagnes. Il pourrait s'arrêter là : sur cette brève euphorie, douce comme un soupir, le cœur dompté par la quiétude des victoires. Un instant même, sa fureur s'éclipse entre les pins, s'enfuit par la rivière : en se retirant de sa plénitude suintante, elle laisse à Oskar une innocence, d'habitude toujours cachée sous la houle, qui est sincère et miséricordieuse. Il croit que ça suffit et qu'il ne veut pas aller trop loin.
Oskar tend une main sage pour reprendre la jupe - mais il se contente de la voler à son frère. Dans la peur évidemment, Zachary fleurit de suffisance, et réveille l'ivresse dans le cœur des enfants. Tout de suite, le sang bouillonnant monte aux tempes d'Oskar, en balayant les naïvetés ; étourdi par sa propre colère, il lui sort ses crocs furibonds. ‹ Pourquoi tu la veux tant que ça si je me trompe ? › Loup de nouveau, il aboie plus qu'il ne parle, prévient qu'il a la mâchoire pour les faux-frères condescendants. Un pétrole d'amertume s'enflamme sur son regard d'enfant : il regrette sa pureté d'une seconde, poignardée à même les veines. Il songe que ça lui apprendra à croire qu'on lui veut du bien. ‹ T'as qu'à venir la chercher. › Avec le ton rouge et réel des menaces : ce n'est pas un secret qu'Oskar fait mal.
La jeunesse lui brûle le nez - c'est bien l'arme préférée des gens, hein : bien luisante de ses jeunes années, il lui est interdit de savoir et de parler. Pourtant, Oskar serre la factualité sur sa poitrine embrasée, il voit de ses yeux la réalité du monde : l'ascendant c'est lui, et s'il veut il incendie la pinède. ‹ Faut croire que c'est pas parce que je suis jeune que je suis plus con, puisque c'est moi qui l'ait. Et je devrais peut-être la montrer à ton père, comme ça il me lâchera la grappe. › La rage peut faire chavirer son cœur et mordre ses nerfs ; mais il fait l'effort mesquin de la contenir sur cet unique point, concentrique et acéré, au bout de sa langue. Les synapses noyés dans un sang blessé, Oskar lève une froideur résolue au bout du visage. ‹ Ou alors, t'es prêt à quoi pour que je te la rende ? ›
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Dim 19 Nov 2017 - 23:36
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c'est terrible la vitesse à laquelle elle s'efface sa prétendue confiance et ses relents à quel point elle se crispe et s'éclate dans un ouragan silencieux il ne veut pas donner ce que tu attends tant, il ne veut pas t'offrir la félicité jouissive de faire battre le sang de l'autre il serre le poing avec frustration et ses yeux soleil croisent les tiens on pourrait croire que vous êtes des mêmes parents avec la ressemblance dans l'unique- cette couleur touchante et claire des prunelles mais qui semble bien assombrie quand tu grognes le voilà désemparé et désarmé face à ta jeunesse écarlate qui réclame toujours plus de d'hématomes et sève vermeille coulant sur le carrelage propre zachary ne répond pas il a le silence dans la gorge et qui domine à coup de fouets toutes ses insultes oui- c'est toi qui mènes le jeu il a l'idée un instant de se lever avec précipitation pour tenter d'un coup de main d'attraper d'arracher l'objet tout contre ton coeur on ne lui a pas donné de bouquin pour apprendre à gérer les sangsues ou peut-être que si de la part de son père mais il avoue ne jamais les avoir ouverts, ces livres entassés sur sa table de chevet il se lève et pousse avec virulence la chaise derrière lui, sur ses gardes et menaçant lui aussi sait jouer à ce jeu sans jamais aller à l'acte ((mais il le sait que tu serais capable de saisir n'importe quoi dans tes colères et lui envoyer dessus)) il prend sa respiration et t'écoute et t'épie- biche effarouchée prise dans tes phares aveuglants il hurle et c'est plus fort que lui il a besoin d'hausser la voix de se casser la gorge à défaut de pouvoir briser la tienne- en réponse à tes maintes provocations qui lui poinçonnent son égo putain mais t'en sais rien, tu mesures MÊME PAS tout ce que ça peut faire ce genre de conneries juste pour que mon daron te foute la paix pour quelques jours. tu veux que ta mère et lui se prennent davantage la tête que d'habitude à cause de nous c'est ça ? sous l'adrénaline et les tempes battantes il contourne la table de quelques pas avant de se raviser- méfiant hostile et pris d'une réalisation nouvelle non aux poings il perdra non il ne faut pas- il faut il faut te ménager c'est les adultes qui le disent et dans tous les cas si vous en venez à là ils sauront pour la jupe ils sauront et ça sera de sa faute à lui que la joute autre que verbale aura commencé il pousse un râle d'agacement tirant nerveusement sur son tee-shirt le corps battant la défaite écroulant sa brutalité naissante d'une voix baissée d'un octave te fusillant de son soupirail vitré toi, qu'est-ce que tu veux en échange ? il aimerait t'expliquer et te prendre par la pitié- à quel point c'est difficile de grandir dans un corps qui nous appartient pas à quel point c'est difficile l'attente et l'incompréhension- la peur de décevoir mais toi qui es si jeune et si bestial, il a peur de te tendre une lame supplémentaire à fourrer dans ta poche
Le tonnerre se coince dans la gorge d'Oskar. Il serre dans sa main un tissu qui n'est plus une arme, qui n'est plus rien d'autre que sa disgrâce en fil jaune, en déglutissant difficilement sur ses éclairs. Ses oreilles foudroyées rougissent de la brûlure, et furieuses des réalités ; Oskar sent dans son cœur tranquille de méchanceté, la percée d'une aiguille de honte. Tout à coup : c'est lui le méchant. Et les doigts sur les artères du frère sont cruels comme les falaises.
En échange, quoi - en échange Oskar veut le calme des prairies et la merci des cieux. Il ne veut rien de trop demandé que la paix à laquelle aspirent les loups méchants, irréelle et irraisonnée, il veut crier et que les pins de toute la terre se couchent pour lui. Un cri qui vide jusqu'au fond le magma insatiable de ses veines, et qui sera si fort que ça le fera sourd : et qu'il n'aie plus dans l'âme l'injustice de sa fureur. Qu'elle ne court plus sans qu'il ne sache pourquoi, et qu'il découvre l'accalmie béate des enfants candides.
Oskar, qui sait qu'il ne peut pas s'en sortir avec le miel des bonnes âmes, retrouve le regard paisible. Il hoche calmement de la tête, pour le frère et pour lui-même, concédant cet état de fait : de lui incandescent, et du mal fondé de sa vengeance sur le monde. Si Zachary est ange et qu'il faut lui créer la faute, plutôt que de le laisser repartir doré de sa justesse - alors d'accord, d'accord, Oskar a des millions de serpents à lui donner. Il fait tourner entre ses doigts le jus d'orange, en une goulée, il le termine. Et lorsqu'il le vide, Oskar au fond du verre contemple l'interrogation de sa rage, puis il le laisse se fracasser à ses pieds. ‹ Tiens. T'auras qu'à dire que c'est ta faute. Après promis, je te la rends. ›
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Mer 22 Nov 2017 - 22:40
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tu es destructeur et égoïste il aurait préféré que tu lui demandes de l'argent ou des services plutôt que tu fasses cela que tu laisses le verre s'éclater sans aucun remord d'un geste calme sur le sol il était prémédité la violence était volontaire- les éclats étaient voulus et presque réclamés acclamés dans le sanglot des couperets transparents qui s'étalent il pousse une exclamation d'effroi yeux écarquillés que fais-tu oskar- que fais-tu PUTAIN ça sort tout seul c'est adolescent et grossier, ça a rien de délicat comme mot il gronde il a envie de te pousser de te frapper mais il est figé ferme les yeux un instant sous l'émotion et un souffle exténué lui échappe il a envie de te gueuler que t'es con il a tant de violence mais il se retient toujours encore (à jamais) car il y'a le risque oui que tu te coupes- car il doit veiller en tant que grand frère bouge pas- je reviens il s'écarte prudent un bout s'écrase et crisse sous sa semelle mais il l'ignore attrape la chienne au passage par le collier pour la sortir l'éloigner du danger ambulant que tu es toi et tes disciples tranchants il la sort et attrape dans l'entrée la paire de chaussons qui t'appartient avant de retourner scène du crime il est déconfit et désabusé il te pose à côté des petons au-dessus des preuves de ton erreur préméditée les protections enfile ça et écarte-toi. déjà il se tourne (maigre habitude qu'il ne préférerait pas avoir) vers la balayette en deux parties dans un des placards s'en saisit et s'accroupit pour nettoyer le tout ils chantent les microscopiques poussières de sable cuit sous les poils de plastique il s'approche de la poubelle une fois que tout semble un peu moins piégé et renverse le cadavre dedans serre entre ses doigts la brosse- avant de se retourner et sous la colère jusque là contenue te la balancer au visage le minois tiré T'ES VRAIMENT QU'UN PETIT CON
Rien ne se passe : le feu promis ne vient jamais. Oskar le guette pourtant avec patience ; il glisse ses pieds dans les espadrilles, s'éloigne sagement comme on le lui demande. Mais à aucun moment ne s'accroche sur la verdeur de son regard l'étincelle de la colère, et jamais ne flambe cet orgueil envahissant. Son nez renifle l'air et ne sent aucun alcool : ici, rien ne brûle jamais sans que Junior ne l'ait décidé. Alors Oskar est sage, le souffle bouffé par les précautions, Oskar se fait calme. En silence, il regarde faire, et réapprend : que c'est vrai, qu'ici, il n'y a qu'un seul roi. Il voit comme rien ne pèse sur sa couronne ambrée, et que partout est son royaume. Il bat tout calmement des cils - Zachary dans la maison n'est jamais un invité. Ça fait taire les loups, ça dompte les colères qui viennent du sang : retiré de sa bile, laissé à la carcasse de sa forêt, Oskar se souvient qu'il n'a plus que le désespoir.
La brosse choque ses os autant que la tristesse, et il ne réagit pas tout de suite. Il se contente de fixer là, le point vide de son inexistence sur quelques poussières de verre, alors qu'il sent dans sa pulpe les vaisseaux céder et rougir pour annoncer des hématomes. Oskar ne peut plus avoir la force d'être méchant dans cette maison où glissent tous ses éclats. A nouveau il n'est qu'un petit garçon, corrigé par plus noble que lui, par une royauté adolescente qui n'a pas son sang : ce qu'il sent battre dans sa joue est sans doute son innocence pulsatile, ruinée d'injustice. Il redevient furieux, mais parce qu'il doit l'être, parce que maintenant ça sort tout seul des volcans de son enfance : et il sait qu'il ne fait plus mal.
‹ Et alors ? › Son poing se referme, comme il redresse les cendres blanches de son regard sur lui, ses torrents de révolte. ‹ Et alors tu vas faire quoi, tu vas le dire à ton père ? Et alors ? Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? › Ça sort presque étranger, calme et sans remords, sans plus même sentir la morsure de ses propres ongles dans sa chair. Oskar fébrile veut crier et s'enfuir. Ça le dépasse dans la gorge et dans les veines, la lave il ne la supporte plus : il veut partir, lui qui n'est pas d'ici. ‹ Junior dis-moi ça te fait quoi hein, tu crois que t'es - tellement m i e u x QUE MOI ? › Sa voix ça part comme la brosse, ça s'éclate sur la blancheur des petits Valois ; de l'autre main Oskar lui jette la jupe, lui jette tout même s'il faut, les deux chaussons : il n'a plus rien alors il jette tout ce qui sort, c'est les larmes et la jalousie. ‹ Reprends ta merde je m'en fous ! › Il hoquette un peu misérablement, il s'en fout si ça ne te fait rien : Zachary, tu as déjà tout, toi tu es un Junior. ‹ Reprends ton père et reprends ta maison et reprends ta pute de mère et reprends tes copines, t'es que dalle t'as compris ? T'es MÊME PAS MON FRÈRE ARRÊTE - › s'il peut au moins t'ordonner ça, à toi roi de père en fils, ‹ de faire semblant que si. ›
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Sam 25 Nov 2017 - 2:21
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la grêle c'est toujours plus joli de l'autre côté de la fenêtre il devait s'y attendre à ce que les morceaux de glace sifflants atteignent son visage- lui qui sciemment a ouvert les deux battants par sa colère oui il devait s'attendre à ce que tes mots lui mordent le cœur, lui assènent des claques froides mais brûlantes d'une pluie souffrante il la connaît cette douleur et à chaque fois il se laisse surprendre malgré tout comme s'il ne s'y attendait pas à force alors ça reprend sur lui et il n'avouera jamais à quel point ça le blesse toute cette jalousie suintante dégueulasse par son intensité il aime oui quand tu es envieux mais en petite dose là ça fait trop il menace de tout dégobiller tu lui jettes les traces et il récupère tout- laisse retomber au sol dans un fracas silencieux mais il l'entend tout de même car c'est très symbolique à ses yeux de lâche sur le carrelage ce que tu lui balances dans ta hargne enfantine il attrape son tee-shirt (encore) et il est en colère que tu penses ainsi c'est toi le voleur c'est de ta faute c'est toi qui es apparu dans sa vie qui partage ses noëls et ses rentrées ses nuits et ses matinées alors c'est ainsi il n'est plus ton frère il n'est plus rien c'est ça contradiction contraire car au fond sûrement ne l'a-t-il jamais été comme tu le déclames si bien et ça ça le blesse- que tu t'en foutes au fond qu'il soit là ou pas la réciproque est vraie peut-être mais ce n'est pas ce qu'il voulait entendre il voulait l'épuisement et faire semblant de rien au revoir les responsabilités d'aîné alors il tend sa main vers la sortie pieds ancrés au sol et tête en avant sous l'émoi agite cette première pour te désigner l'en-dehors il hurle bah dégage alors qu'est-ce qui t'retient ?! va même te jeter sous les roues d'une voiture si ta vie c'est de la merde, peut-être que cette pute -pour reprendre tes termes- qu'est ta mère dégagera enfin de mon champ de vision ! il vomit ses paroles la porte est ouverte, barre-toi si tu fais pas parti de cette famille t'façon personne veut te voir ici ! c'est un adolescent- il ne mesure pas la gravité de ses propos
Personne ne veut le voir ici : alors Oskar disparaîtra, avalé par les pins ; comme on l'y invite si noblement : il se jette dans l'oubli verdoyant. Il a ramassé les chaussures rageusement, en bousculant cette merveille miniature en travers de sa route ; il ignore sous la plante de ses pieds le cri du verre. Oskar est sourd et aveugle, il disparaît en orphelin de la raison à la portée de ses jambes. Il court à l'appel terrible du vide, et ses cuisses ne se fatiguent pas avant de se savoir avalées par l'obscurité, et ses artères ne lui brûlent pas avant la fin de son nom, de la distance où entre les réconforts amauroses des arbres, on peut encore oser l'appeler Oskar. Là, jeté humblement au pied de la rivière : il s'effondre. Jusqu'au tiraillement de sa fatigue, ses paupières subissent les inondations dans le silence véritable du tombeau de la pinède.
C'est la nuit : c'est le jour. Oskar attend peut-être la mort, les bras ouverts sur son refuge bryacé. Il est calmé : son estomac hurlant s'est endormi. Ses pupilles épuisées des branches se retournent froidement sur la douleur. L'abri maternel de la forêt primaire lui apprend son erreur, et la bêtise jamais doublée de son emportement. Il pleurerait de honte, s'il restait des rivières derrière ses yeux : à la place, il se redresse et crache avec mépris. Oskar traîne un pas poli d'embarras en se guidant dans la forêt, jusqu'à l'orée inconnue de la maison. De loin, la demeure n'a pas besoin de lui : on y brille toujours aussi chaudement derrière les vitres. Mais il rentre sans bruit, rompu à l'exercice de l'humilité de sa disgrâce - il est déjà voleur ici : il a encore le cœur trop jeune pour avoir le courage de s'y soustraire. Le port lupin de sa tête ignore le regard ombré d'inquiétude de maman : il dit merci quand on le nourrit, et il va prendre le bain sans faire d'histoire. Le père, il préfère oublier qu'il est là.
Il glisse ses pieds encore endoloris dans le drap léger de l'été. A la pénombre de la pièce, il a deviné qu'il est tard. La tête noyée dans la primeur de sa fatigue, Oskar s'éduque pleinement de la place qui lui est réservée, ronde dans les silences distendus : il en profite pour fixer, sur le mur d'en face, la confluence bien connue de ses innocences encore fraîches, et de la cruauté qu'il ne peut pas renier. Il remonte la couette sous son nez, en boule sur le lit, pour s'en former un terrier qui détremperait le fade de sa rougeur. ‹ Pardon. › C'est la première parole que sa voix connaît depuis celle de la blessure : il déglutit sur la fatigue douloureuse de sa gorge. Oskar décide toujours de ne pas se cacher à l'ombre du lit du dessus - il n'y a rien à mentir : ses crevasses sont déjà connues. ‹ Je pensais pas trop ce que j'ai dit. › Oskar se dévoile sagement, sous la lueur magnanime de la guirlande : le regard clair tente de recueillir l'assentiment du frère, par-delà les barrières du double lit d'enfant. Sa verdeur se soumet gentiment aux vents à venir : il voit encore la boursouflure de sa jalousie sur le plafond, mais c'est une vision qui ne le choque plus maintenant, et il ne veut pas s'en faire haïr.
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Dim 10 Déc 2017 - 22:29
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quand tu es parti il y'a eu un immense silence et il est resté là, bras pendant vers une sortie déjà franchie il déteste le froid et le manque de cri, il se sent seul mais il l'a cherché cette immensité angoissante à te hurler dessus comme ça ce n'est pas pour autant qu'il regrette non- du moins peut-être pas dans l'immédiat il rumine et s'allonge dans le canapé la musique à fond et la tête vidée de tous remords juste penser à autre chose- une fois la jupe cachée une fois la preuve étouffée et les grandes figures parentales sont rentrées une à une interrogent du regard et il répond dans un silence qu'il ne sait pas ils ne peuvent pas l'accuser- ne peuvent rien lui dire car il n'y'a aucune preuve aucune télévision cassée aucunes traces de sang ça lui pèse ces conneries alors il s'enferme dans sa chambre pleure un bon coup car ça va plus loin ça tourne vite les esprits quand on est adolescent il n'y'a rien de somptueux dans les colères et les douleurs il trouve il n'est pas satisfait de ton départ de ton absence ((alors que veut-il)) et puis quand c'est l'heure de manger tu es revenu danser avec eux tu es à nouveau là dans ce bal de silence que personne n'apprécie mais que tout le monde fait semble de ne pas remarquer le réconfort est dans le lit toujours surveillé et protégé par les lumières étoilées des guirlandes électriques visage éclairé par son téléphone il entend l'excuse vraiment ? c'est pur et ça vient, c'est fraternel et frappant ça le prend et il a un temps, il ne sait jamais quoi répondre à ce genre de choses mais si tu ne le penses pas alors pourquoi tu l'as dit ? pourquoi blesser et heurter pour le simple fait pourquoi il veut comprendre oskar- il ne comprend pas qu'il pourrait t'apaiser mais au moins saisir la source de tes flots et remous d’impétuosité
Quelques instants, Oskar ferme la yeux à l'opalescence des peurs éloignées, et rêve du calme. Un remous paisible qu'il ne connaît pas lècherait la lumière à son visage, et lui ouvrirait les bras marins des âmes apaisées. Oskar songe, que s'il n'avait pas été mordu d'une haine qui bave à la mâchoire : il n'aurait pas la houle sur le cortex et les jambes douloureuses de trop courir. ‹ Je sais pas. › Il doit bien l'admettre : ses yeux se rouvrent sur la franchise de son ignorance. Il se redresse un peu au bord du lit, soulevé de sa propre verve, mesquine et douloureuse qui chatouille l'estomac. ‹ Des fois je dis des trucs, je sais pas d'où ça vient. Ça sort tout seul. › Il en parle comme d'un très vieux souvenir, en se souvenant du goût salé d'un démon d'enfance tout le long des os : un feu inoubliable, et inextinguible sur le petit bois vert de sa jeunesse sacrifiée, c'est ça.
Oskar se replie sur le lit, assis pour cueillir les lueurs ; dans le noir il veut être sauvé. Il a chaud d'être trop dans l'obscurité. Dans ses battements ralentis, il sent la petitesse de sa stature inachevée, et ne déteste plus l'ignorance de sa voix encore céleste : juste là au pied des cavernes, il adore se sentir si petit ; ça veut dire qu'il y a encore de la place pour être doux. Entre ses cils de la nuit, il boit une lueur de pardon, avide de se croire encore assez enfant pour la mériter : si Zachary a encore voulu l'allumer, peut-être est-ce que sa pulpe n'est pas encore totalement noire. Si la rage prend racine dans l'inconnu, paternel et rouge sanglant : ça peut encore devenir vert et délicat comme les berges. Il lève les yeux vers le lit, pour trouver un regard délié qu'il ne peut avoir. ‹ C'est méchant mais je peux pas m'en empêcher, je crois. ›
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Dim 7 Jan 2018 - 0:42
ne regrette pas les spasmes les vibrations, l’excitation, les nuits d’action le ciel est gris, les anges pleurent
c'était donc une colère qui venait d'autre part au-delà des plaines au-delà des montagnes au-delà du ciel c'était donc une colère inconnue que ni toi ni lui ne pouvez expliquer c'est ainsi tu n'es pas tout à fait fils de cette maison car cette colère vient d'un autre pays et d'un autre sang, d'une maladie qu'il n'attrapera jamais les lumières ne dansent pas et vous non plus, vous êtes statiques et immobiles étouffés par l'acceptation difficile il faut apprendre à cohabiter à respirer le même oxygène boire la même eau calcaire même en plusieurs années ces habitudes ne sont pas des mécanismes le corps et le coeur rejettent tous deux en bloc l'évidence qu'est celle qu'il serait plus simple si vous vous tendiez la main tout simplement il se penche en s'appuyant aux barres de bois se plie pour dessiner dans l'obscurité les traits découpés et seulement à moitié dessinés peut-être même qu'il les imagine et que personne n'a vraiment pris la peine de te tracer il ne sent pas la cascade de cheveux lui retomber devant le minois pourtant il a un mécanisme d'effleurage de front je suis censé répondre quoi à ça ? il ne sait plus vraiment il s'est perdu car tu l'es toi-même il se sent embarqué par ton voyage hasardeux bercé par tes colères impromptues tu sais que y'a des thérapies pour la colère, et je suis sûr que ta mère serait d'accord. parce qu'elle saura décelée l'au-delà identifié avant- car junior est persuadé qu'elle ne pourra pas fermer les yeux indéfiniment sur ces douleurs inexplicables ça va que c'est moi, d'autres t'auraient cassé la gueule. un peu de clémence et d'inquiétude puisqu'il ne veut point un jour devoir essuyer un sang qui n'est pas le sien
Les grands yeux d'Oskar s'ouvrent comme des ravins sur les murs, égorgés d'enfance furieuse, éclatés aux quatre gènes. Il sait déjà du bout de ses petits pieds qu'il n'y a pas de réponse, à la soif de la mer et au sang des villes, qui monte qui monte tirer des cordes déjà trop dures pour onze printemps de douleur : ça ne lui fait pas peur, enfin, peut-être qu'il a appris à ne plus craindre les rugissements. Eh quoi, n'est-ce pas déjà si fort dans son estomac : qui pourra couper ces racines mortes sans tuer l'arbrisseau ? Non non, Zachary, tu ne comprends pas, il y a des maladies du cœur qui ne se taisent qu'en l'arrachant. ‹ J'm'en fous. › Qu'ils me cassent la gueule, je les mordrai deux fois plus fort : les pierres à mes poings ne connaissent pas les limites. Oskar n'a pas peur d'avoir mal, la douleur n'est-elle pas la chose la plus vivide qu'il sait de l'enfance : inscrite dans ses veinules, plus fort que des promesses en encre d'hématomes, tous ces vices n'ont plus de leurs secrets d'amarante pour lui. ‹ J'ai pas peur de ça. › Mais Oskar, finalement : tu n'as pas peur de grand chose.
Une rumeur de douceur vient lécher ses rêveries juvéniles, il réalise doucement qu'il a sommeil. Un ruisseau doux s'ouvre tout contre son cœur, et il se souvient qu'il est encore trop jeune pour ne plus sentir quelque chose. Il ferme les paupières en s'écrasant sur l'oreiller, recrée du bout des jambes un confort de coquille, recroquevillé et brûlant, tout près des fantômes de l'âge. Il veut tendre les bras à son frère, et goûter un peu à l'innocence des fraternités sans rougeurs, découvrir les réconforts de chêne comme on lui a compté les mythes, du grand frère, des enfants calmes, des étés trop secs pour les larmes. Son frère ne le mérite-t-il pas : il est doré et à demi-lune d'être trop de fois brûlé au soleil. Pour en honorer, Oskar veut se racheter une gentillesse : Maman dit toujours, c'est l'intention qui compte. Peu importe que le cœur soit froid : si le sourire peut naître même à l'ombre. ‹ La jupe, faut que tu la rendes à la fille, sinon quelqu'un d'autre va la trouver. ›
Invité
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Jeu 25 Jan 2018 - 21:22
ne regrette pas les spasmes les vibrations, l’excitation, les nuits d’action le ciel est gris, les anges pleurent
bien- si tu n'as pas peur des colères et des ouragans il n'est personne non personne pour t'ordonner de craindre quelque chose que tu es visiblement capable de vaincre il envie un instant cette force mais très vite il abandonne cette jalousie déplacée pour se fondre dans un sourire il se repose sur son lit complètement relâché et avec un peu de fierté d'avoir là juste en-dessous de lui un frère si fort qu'il ignore les regards et les jugements- les répercussions il s'enfonce dans sa couette moelleuse et a déjà les paupières qui papillonnent il n'a rien à ajouter rien à préciser à tes paroles qui sont d'une justesse humaine mais la voix revient sans aucune mauvaise intention- elle ne le berce pas mais le fait un peu soupirer il prend un temps pour réfléchir ne pas regretter doit-il te dire au risque de tout perdre dans une de tes fureurs ou te mentir avec ce poids gravé dans les yeux et les tripes il pourlèche ses lèvres sans appétit de t'expliquer, ça ne va rien rassasier cette vérité il parle assez fort pour que tu entendes mais reste confidentiel et secret, bercé par l'intimité fraternelle elle est à moi cette jupe. à qui voudrais-tu que je la rende ? il pense qu'à ton âge tu songeras à un costume ou pour une mauvaise blague on pense d'abord à la connerie non- à la bêtise et aux rires hauts et forts de s’habiller en donzelle on chasse les mauvaises idées et les doutes d'un coup de balais pour chasser la poussière complètement quand on est plus grand non il ne pense pas qu'à onze ans on puisse envisager un corps bougeant sans connexion avec l'esprit qu’il contient
‹ C'est vrai ? › Une étoile de sommeil ricoche sur son regard ; il recueille sur son cœur la chaleur de la confidence, sans en connaître la densité - Oskar ne devine que le bruissement des jupes et les jambes dénudées. Un silence éclot sur ses lèvres d'innocence, pour quelques secondes de délicatesse crépusculaire, ressourcée à la plus délicieuse ignorance : de ne pas connaître les limbes de parme où il se trouve. Ses yeux ne décrivent pas les limites, et il ne connaît sous ses pieds que les frontières déjà franchies, où il commence tout juste à apprendre le sang : mais la tromperie sous les rires déliés, et le charmant fourvoiement des corps, Oskar ne connaît pas ; tout juste sait-il qu'il les aime, et qu'il adore délier les rubans de convention de ses doigts nouveaux.
‹ Je pourrais voir ? › Il se dresse sur un bras replié, pour se rapprocher d'un astre qu'il ne sait jamais trop comment toucher, mais qui ce soir est assez bleu et chaleureux pour y tendre ses ailes d'amour. Sous sa pulpe décapée des rages luit un peu de candeur qui aime le ciel, comme les enfants aiment leurs frères, et comme il est doux d'être bercé des confessions aériennes sous des lumières qui sont pour lui. Il sourit à la pénombre : tout ce qu'Oskar sait des jupes est qu'elles frôlent joliment les hautes herbes, et que comme les clémences fraternelles elles lui donnent le cœur tendre. ‹ Ça doit bien t'aller. ›