les sons agaçants des cuillères contre les tasses remplies de cette boisson chaude, que ilan prépare avec précision sans oublier le morceau de sucre emballée sur la soucoupe immaculée, désormais souillée de taches brunes, le client oublie ses bonnes manières, c'est ce que pense ilan en s’armant d'une douce serpillère pour rendre étincelante sa zone de travail. il n'a pas oublié non, aujourd'hui il finit plus tôt et il espère que personne ne foutra la pagaille, avant qu'il s'en aille. ((il a oublié qu'il ne doit plus espérer dans ce monde.)) que peu importe là où il est, il sera toujours aussi immonde. que même s'il s'est assagi le petit borgne continue à maudire. alors s'il vous plaît ne faite rien de mauvais qui pourrait vous condamner dans sa ligne de mire. un é c l a t. et c'est trop tard. la porcelaine s'éparpille en mainte fragments sur le sol, sans crier gare. avec le contenu bouillant et sombre. ((c'est ennuyant.) surtout pour ilan qui se souvient de son message, qui se rappelle de l'heure exacte et qu'il sait à présent qu'il sera en retard, à cause de ce client barbant qui, sans vouloir aider, reste dans son coin et attend, que le barman intervienne, bien sûr, c'est lui le sauveur, quelque soit votre malheur, il sera toujours là pour vous sourire (un soupire) sans vous blâmer (ou vous flatter). mais l'heure tourne et quand cette mascarade est enfin terminée ilan se brusque et va rejoindre son ami, (est-ce le bon mot ?) ennemi, (non plus.) connaissance ? (bonne question.) reconnaissance. (certainement !) il vérifie son portable en se rappelant que sans l'aide de sa dulcinée, il n'en aurait pas un, et que ce genre de situation n'aurait pas existé, c'est comme si quelqu'un, permettait à l'autre de vivre, ilan le sait, sans elle il ne serait plus rien, juste un homme un peu fou, un peu ivre.
il presse le pas, avec une tenue sobre, il voulait absolument se changer, il se souvient que ce midi il n'a rien manger. mais que faire dans une terre où la viande est acclamée ? (juste se taire et parfois jeûner.) il s'installe en face de toi, le visage calme et un peu froid.
- pardonne-moi, j'ai du faire quelque chose avant de partir.
oui, tu fais partie de cette liste si courte des personnes qu'il tutoie de vive voix. il aimerait te dire que c'est de la faute de cet homme mais cela ne se fait pas et parfois, il faut être poli un minimum. je hais les gens. il t'aurait confié, il t'apprécie, certes, mais son image est en jeu, tu pourrais certainement t'en méfier. après tout ilan, ((n'a rien de courageux.))
L’heure tourne et l’hellébore zieute sa montre ; Il n’en veut (n’en voudra pas) à son
Ami ?
(Assurément) : Il est juste incroyablement impatient
Allez allez.
Des volutes (encore toujours) Un deux trois ;
S’envolent
(Je te jure c’est amusant de se brûler les poumons, Comme on se grille une cervelle).
Son café est fini ; Mais ce n’est que son premier (Il s’apprête à appeler un serveur pour un deuxième, Peut-être un troisième ; Oh et pourquoi pas quatre pour faire dans le panache une énième
Tâche.)
Il n’a pas trop le temps ; Les yeux mi-clos le temps de savourer la mort de son amante,
Le cendrier aux cadavériques désaimantes ;
Le voilà qu’il aperçoit (au loin) La tignasse (brune) tant attendue ; Le voilà qu’il esquisse ce fameux rictus,
Celui qui exprime plus une complicité qu’un mépris.
Il s’apprête à lancer
Pas trop tôt
Mais se fait devancer ;
Pardonne-moi, j’ai dû faire quelque chose avant de partir.
Pardonné pardonné, Chassées d’un revers de main les excuses et les anxiétés ;
Talv est juste un grand impatient,
Et déjà il laisse un silence planer, (Répondre directement ce n’est vraiment pas son truc) ;
Et fais signe pour un deuxième latte
Et un autre à Ilan en direction de la carte ; (Pour qu’il commande son éternel thé.)
Le finlandais tire encore (une) deux taffes ; Puis laisse soudain s’échapper ce drôle de son,
Un peu grinçant un peu agaç(é)ant ;
Il est en train de ricaner (Parce que devant cet ami il n’a pas l’air de paraître, Ni peur d’apparaître comme il est ;
Décadent.
Au diable l’image, Allons rendre hommage.)
Puis il s’arrête (aussi sec que commencé)
Dis-moi, tu crois qu’il reste encore une chance à l’humanité ?
(De survivre il entend ;
C’était comme demander si Ilan croyait encore en la pourriture humaine putréfiée.)
le retard d'ilan ne signifiera plus rien désormais, c'est clair qu'ainsi, il n'est pas monté sur le sommet, ((celui de la p o n c t u a l i t é)) et maintenant, il est beaucoup trop occupé à commander son thé,
- un thé jasmin s'il vous plaît.
avec des lèvres soigneusement droites, (pour ne pas dire maladroites) il évite le sourire et même les soupirs dérangés, rien ici ne peut l'arranger, à part une boisson chaude, et toi, son ami. pourtant aujourd'hui, il est de bonne humeur, c'est ce qu'il s'est promis, alors, il doit profiter de ce moment entre bons fumeurs.
puis ses yeux se perdent un instant sur la table, face à ta question, complètement (in)discutable, son rire bourdonne entre ses lippes serrées, il a ainsi déterré, quelques souvenirs, un pour prédire, (l'autre pour se punir) puis le dernier comme exemple certain, pour te dire :
- selon mes calculs tu risques d'être surpris... il lui reste presque 0,001% de chance. c'est pas grand chose contre 99,999 %.
le thé enfin servit, ilan s'empresse de le savourer, car il sait que sa douceur florale et sa chaleur sucrée, ne pourront que le rassurer. alors face à cette boisson si sacrée, il continue le fil de la discussion, sans aucune hésitation.
- je pense qu'on va pouvoir la regarder tranquillement se dégrader. mais… étonnement, cela me donnerait presque envie de croire, que ces 0,001% vont servir à quelque chose ? sinon la fin serait trop facile, qu'est-ce que tu en penses ?
le borgne est assuré que tu penses comme lui, ((tant que cela ne cause pas d'ennui)) il est certain qu'en ta compagnie vous allez éclater d'une euphorie, face à cette étrange t h é o r i e.
