il m'arrive de penser que si j'avais un jour voulu garder le compte du nombre de fois où vous avez laissé repartir mon fils avec bien moins que ce que la situation aurait pu exiger
(avec un avertissement
un sermon
plutôt qu'une sanction)
non seulement ce compte avoisinerait le nombre de fois où j'ai franchi les portes de ce commissariat
mais j'en aurais aussi perdu le fil
et
il me semble que rien ne pourra égaler tout à fait la gratitude que cela m'inspire
que m'inspire cette façon paternelle que vous avez d'accepter le fait que la jeunesse doit s'exprimer et qu'elle le fait souvent en grand et en couleurs
de veiller à ce que le cas de harland n'aille jamais jusqu'à la détention ou au casier trop chargé
non il me semble que je ne pourrais jamais vraiment vous rendre à la hauteur de cette bienveillance de cette compréhension que vous offrez
mais sachez
que j'ai bien l'intention d'essayer
d'au moins vous signifier ma reconnaissance
alors
dès que les tâches qui régissent mes journées à l'arcadius s'espacent un peu et me permettent de faire un pas de côté
je me munis du sac contenant les modestes attentions qui vous sont destinées
(grand contenant de papier cartonné
vernis et polissé
qui promet quelque chose de raffiné)
et me mets en route vers le commissariat
où
je me permets de penser
(de sentir)
en entrant
que les choses semblent plutôt calmes
l'on me dit que c'est dans votre bureau que je pourrais vous trouver
alors
d'un geste je demande et reçois l'accord de m'y diriger
talons claquant sur le marbre et jupes ondoyant dans mon sillage
je parviens à votre porte
ni franchement fermée ni vraiment ouverte
et y assène quelques petits coups de bienséance en sachant pertinemment que vous m'aurez entendue (vue) arriver
j'espère que je ne vous dérange pas.
affirmation
pas question
car les reines ne sont pas incertaines